Cérémonies de mariage : éviter les débordements Abonnés
Ce constat impose de repenser les modalités d’organisation et surtout d’initier un dialogue avec les futurs mariés pour leur rappeler le respect dû aux personnes et aux lieux. De nombreuses municipalités ont déjà traduit cette volonté d’apaisement sous forme de chartes. Certes, le document est sans valeur juridique, mais il peut être utile à la prévention.
Dialoguer avant la cérémonie
En grande périphérie de Montpellier, Juvignac (Hérault, 11 447 habitants) est une commune plutôt tranquille qui, cependant, n’échappait pas à quelques incidents lors des mariages. Principalement des retards, des confettis jetés sur la voie publique et des orchestres trop bruyants. Le 18 février 2019, le conseil municipal a voté l’instauration d’une « Charte pour une cérémonie de mariage réussie ». Comme de nombreux documents de ce type, celui-ci cible quatre maux courants : les retards à la cérémonie, les perturbations durant la célébration (téléphones portables, musique, drapeaux, banderoles…), la circulation et le stationnement. « Nous ne voulions pas d’une charte qui soit jointe au dossier et signée à la maison », objecte Peggy Thévenin, directrice de la citoyenneté et de la proximité. « C’est pourquoi, le document est signé en présence d’un élu qui reçoit les couples pour échanger autour de la charte.» Un entretien à la fois solennel, puisque les couples s’engagent en venant signer à la mairie, et plus intime, puisque cette rencontre est propice à une discussion sur les attentes personnelles des mariés. Ainsi, l’élu, qui est toujours celui qui célébrera le mariage, noue un dialogue sinon un contact personnel avec les futurs mariés. Cette approche donne des résultats plutôt encourageants : les confettis ont disparu de la quarantaine de mariages célébrée chaque année à Juvignac. Les orchestres sont bien à leur place, sur le parvis de la mairie, après s’être enregistrés quinze jours à l’avance. Quant aux retards, ils ont été réduits, même si la mairie reconnaît toujours quelques cas isolés. Cependant, les mariés fournissent souvent une excuse légitime et les élus n’ont, pour le moment, jamais appliqué les deux seules sanctions prévues par la charte : un report de la célébration en fin d’après-midi, après toutes les autres, voire son annulation et son repport à un autre jour.
Pratiquer la dissuasion financière
L’existence d’une charte n’a pas suffi à Poissy (Yvelines, 39 475 habitants), où les élus ont célébré 173 mariages en 2021. Jusqu’à ce que la situation dégénère en tirs de mortiers et en huées à l’encontre des officiants. La municipalité s’est alors décidé à frapper les fauteurs de trouble, au portefeuille si nécessaire. Les futurs mariés doivent désormais déposer une caution de 1 000 € qui pourra être amputée de 400 € en cas de retard supérieur à 30 mn lors de la célébration. 500 € seront également retenus en cas de dégradations et 100 € lorsque les services de la mairie devront nettoyer les confettis et autres grains de riz. « La caution se pratique déjà lorsqu’on veut réserver une salle communale. Nous avons une régie avec la possibilité de régler en ligne sur le site de la ville », précise Karine Conte, première adjointe déléguée à l’administration générale, aux finances, aux ressources humaines et au numérique.
A Poissy, cette procédure de la charte avec caution a tout changé : « En un an, nous avons appliqué une seule fois la pénalité de 400 € », indique l’élue. Un retour au calme qui s’explique également par des mesures associées, qui ne sont pas financières : la présence de deux policiers municipaux lors de la cérémonie, l’obligation de fournir à l’avance une clé USB pour diffuser de la musique, la désignation d’un référent pour chaque marié, avec un numéro de portable pour pouvoir être joint par la mairie… Celle-ci ne se contente pas d’imposer des contraintes aux mariés, elle abaisse par exemple les plots devant l’hôtel de ville pour leur permettre (et à eux seuls) d’y stationner. Un geste qui assure le bon déroulement des mariages : il contraint les futurs mariés à en faire la demande à la mairie, à l’avance.
Jean-Philippe ARROUET le 20 septembre 2022 - n°2240 de La Lettre du Maire
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