Transports publics gratuits, la bonne solution ? Abonnés
Maintenir la qualité de l’offre de transport
L’autre enjeu était d’obtenir une augmentation de la fréquentation qui légitime la mesure, donc sa pérennité. « La fréquentation a augmenté aussitôt de façon exponentielle », confirme Marc Fleuret. « Entre 2001 et 2019, elle a été multipliée par 3,5 ». Contrairement à Niort, par exemple, Châteauroux Métropole n’a pas ajusté ses charges d’exploitation en réduisant aussitôt l’offre de transport. Elle a, au contraire, cherché à étoffer son réseau et à augmenter les amplitudes horaires. Cette mesure a été appréciée des entreprises, qui ont accepté plus facilement un relèvement du versement mobilité en 2021. Cet apport (un million d’euros) finance la transition écologique avec l’acquisition de trois bus articulés roulant à l’hydrogène. Pour accompagner le délégataire dans l’augmentation de l’offre, Châteauroux Métropole a inclu des contrepartie dans sa DSP signée en 2001 : un investissement de 5 millions d’euro dans un nouveau centre de bus (et administratif) mis à la disposition de l’opérateur.
Faire du transport public un outil de développement du territoire
La communauté urbaine de Dunkerque (CUD, 195 917 habitants, 17 communes, Nord) compte également parmi les pionnières de la gratuité. Elle l’a testée par étapes : d’abord les week-ends en 2015, puis intégralement en 2018. « Nous avions un réseau obsolète et inefficace qui desservait moins bien des quartiers du centre-ville en forte demande de transports en commun », précise Xavier Dairaine, responsable du projet de transformation du réseau de bus. « Nous avons amélioré le réseau et renforcé l’offre de service de 30 % ». Avant d’être écologique, le projet, visant à rendre les transports publics attractifs, s’adresse à une population pénalisée dans ses déplacements car sans voiture. Des tarifs réduits n’avaient pas produits de résultats probants. La gratuité a engagé deux types de dépenses : 65 M€ d’investissements pour refaire le réseau, des coûts d’exploitation en hausse (12 M€ par an), auxquels s’ajoutaient 4,5 M€ de recettes de billetterie en moins. Grâce à des subventions locales, nationales et européennes, la CUD a conservé à sa charge environ un tiers de l’investissement. Quant aux 17 millions de dépenses courantes, ils ont été couverts par 7 M€ liés à des choix budgétaires et à des économies de gestion et par 10 millions fléchés vers un projet d’Arena qui a été abandonné. Certes, le coût net de la gratuité est plus élevé qu’à Châteauroux, mais il correspond à la (re)création d’un réseau qui répond désormais aux besoins des habitants. En témoigne une fréquentation qui a augmenté de 50 % depuis la gratuité et qui ne se dément pas. Les entreprises (dont le versement mobilité a été augmenté une fois) y trouvent leur compte car leur fiscalité permet d’augmenter l’amplitude de l’offre, notamment pour les trajets des ouvriers sidérurgistes qui travaillent en 3X8. Le nouveau réseau et sa gratuité ont représenté un effort financier à hauteur de 12 % du budget de fonctionnement, mais ce changement a bel et bien créé des conditions favorables au développement du territoire.
Jean-Philippe ARROUET le 25 octobre 2022 - n°2245 de La Lettre du Maire
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