Le marché global de performance permet de réduire la facture d’éclairage Abonnés
Entretien avec Chantal Cordelier, maire du Breuil.
La Lettre du Maire : vous avez conclu ce contrat de performance énergétique avant l’augmentation des prix de l’énergie. Aviez-vous fait campagne sur une amélioration de la performance énergétique ?
Chantal Cordelier : oui, c’était un axe de ma campagne lors des dernières élections municipales. Mais il est vrai que l’augmentation considérable des prix de l’électricité nous a conduits à être plus ambitieux encore. Nous avions initialement prévu un programme pluriannuel réalisable par tranches avec des résultats aléatoires. Mais la situation nous a incités à conclure un contrat de performance énergétique permettant de programmer globalement les travaux. Notre réseau d’éclairage était vétuste, avec des coupures fréquentes. Nous avons décidé de passer à des ampoules LED.
La LDM : le marché public global de performance (ou contrat de performance énergétique) permet en effet d’obtenir un engagement du titulaire du contrat à la réalisation d’économies. S’il n’atteint pas le niveau de performance attendu, il verse des pénalités. Ici, nous ne sommes pas dans cette hypothèse puisque Inéo a dépassé les objectifs. Comment sont répartis les bénéfices inattendus ?
C.C : la commune et Inéo se partagent ces bénéfices.
La LDM : le marché public global de performance est soumis à une règle fondamentale des marchés publics, la règle du service fait. Vous avez donc dû financer la réalisation des travaux ?
C.C : oui, mais nous pensons pouvoir obtenir pour nos prochains travaux des subventions de la région ainsi que de l’Etat grâce à la dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR). Nous allons également présenter nos projets au fonds vert. L’Etat a annoncé que les crédits 2023 étaient déjà épuisés, mais le dispositif sera renouvelé en 2024 et nous serons candidat.
La LDM : avez-vous d’autres projets ?
C.C : oui, nous allons également revoir l’éclairage de nos bâtiments, notamment scolaires.
La LDM : pour faire face à l’augmentation du prix de l’électricité, nombre de communes ont choisi d’éteindre les lumières la nuit. Vous n’y avez pas été contraints?
C.C : non, car l’un des points intéressants de la prestation était une modulation de la luminosité selon les heures et selon les quartiers. Nous bénéficions désormais d’une lumière plus intense dans des rues ou des quartiers où la sécurité l’exige et une luminosité moindre ailleurs, là où les exigences de sécurité sont moins fortes.
La Lettre du Maire a également interrogé Paul Martinet, ingénieur éclairage public chez Inéo Réseaux Est, pour approfondir certains points techniques.
La LDM : la commune du Breuil a réduit considérablement sa facture d’éclairage, est-ce bien grâce au remplacement d’un éclairage vétuste par un éclairage LED ultra-moderne, ou plutôt grâce à la gestion du réseau pendant la durée du contrat ?
Paul Martinet : les deux. Si on remplace une ampoule qui nécessite 135 watts par une ampoule qui ne nécessite plus que 40 watts, sans réduction de la luminosité, on fait déjà des économies. Mais si, en plus, on peut, grâce à la gestion du réseau, faire varier la luminosité selon les lieux et les heures, on réduit également la facture.
La LDM : votre entreprise maîtrise parfaitement l’éclairage. Comment expliquer alors un tel écart entre les économies que vous promettiez et celles que vous avez effectivement réalisées ?
P.M : parce que, au départ, nous nous fondons sur les chiffres que nous donne la commune. Dès que nous exécutons le contrat, nous avons une vision plus fine de la situation, et nous avons ainsi pu annoncer une bonne nouvelle à la commune. Quoiqu’il en soit, il ne peut pas y avoir de mauvaise surprise puisque, si nous n’atteignons pas les objectifs d’économie fixés par le contrat, nous nous exposons à des pénalités.
La LDM : il y a quelques semaines, nous avons présenté (voir la LDM n° 2247), une entreprise proposant de l’éclairage solaire. N’est-ce pas une meilleure solution que celle que vous proposez ?
P.M : ces solutions ne s’opposent pas. Au Breuil, nous avons installé une soixantaine de lampes solaires. Mais le solaire ne peut pas remplacer l’éclairage électrique, il est complémentaire. Nous avons ainsi installé des ampoules solaires là où le réseau électrique était déficient ou inexistant, par exemple sur un arrêt de bus isolé.
Michel Degoffe le 30 mai 2023 - n°2274 de La Lettre du Maire
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