Éditions Sorman

Le patrimoine est souvent une charge pour la commune. Songeons à la difficulté pour nombre d’entre elles d’entretenir leur église. Le classement au titre des monuments historiques peut être une solution dans la mesure où il permettra d’obtenir des subventions. Mais celles-ci financent 80 % du coût des travaux et, pour les communes, la difficulté est de trouver les 20 % restants. Le classement peut en outre entraîner des contraintes lourdes pour les propriétaires situés dans un périmètre de 500 mètres autour de l’église et co-visibles avec celle-ci, c’est-à-dire, potentiellement, pour tous les habitants d’un petit village : utilisation de certains matériaux, interdiction de certains types de fenêtres. Il faut donc réfléchir avant de se lancer dans une procédure de classement.
Examinant la gestion de la commune de Montréal (Yonne, 166 habitants) la chambre régionale des comptes lui reproche de ne pas avoir une vision à long terme de son patrimoine. La commune compte sur son territoire l’église Notre-Dame de l’Assomption, monument classé, et un édifice partiellement classé, l’enceinte de la ville ancienne. Elle attire 15 000 visiteurs chaque année. La commune n’adopte aucun document de planification annuel ou pluriannuel pour la gestion et le suivi des travaux à réaliser sur les monuments historiques. Les travaux répondent donc toujours à une urgence (vitraux endommagés, chutes de tuiles et infiltrations sur la toiture de la collégiale…). La commune devrait donc établir :
- une étude patrimoniale sur l’état sanitaire du patrimoine de la commune ;
- un plan financier patrimonial pluriannuel, en se rapprochant du conseiller aux décideurs locaux (CDL) de la direction départementale des finances publiques, afin de disposer d’une prospective financière pour la réalisation de ses investissements patrimoniaux, et d’anticiper la recherche de financements.
La chambre suggère à la commune de candidater au label « Petites cités de caractère » (réservé aux communes de moins de 6 000 habitants) et à « Plus beaux villages de France », créés par des associations de communes, également regroupées en réseaux nationaux. De tels labels permettraient à la commune d’accéder à un réseau d’experts.

Michel Degoffe le 18 février 2025 - n°2351 de La Lettre du Maire