Le maire de Moulinet crée la Journée des bénévoles et fait des économies Abonnés
Entretien.
La Lettre du Maire : pouvez-vous nous présenter votre initiative ?
Robert Piniello : la Journée des bénévoles consiste à faire appel à toutes les bonnes volontés pour donner un peu de son temps à l’intérêt général. Quand j’ai été élu maire en 2014 j’ai constaté qu’une église du village était en très mauvais état au point qu’il n’était plus possible d’y entrer. L’architecte des bâtiments de France nous a indiqué les travaux à entreprendre mais c’était hors de notre budget, d’autant plus que nous ne pouvions pas bénéficier de subventions, l’église n’étant pas classée et le département n’ayant pas les moyens de nous aider. J’ai donc fait appel aux bonnes volontés. C’est ainsi qu’a été créée la Journée des bénévoles.
La LDM : participer à la rénovation d’une église exige une certaine compétence ?
R.P : nous avons pu compter sur un maçon local qui a également fait des travaux sur la salle des fêtes et la mairie à des prix beaucoup plus intéressants que si nous avions fait appel à une grande entreprise. Les communes doivent profiter de la possibilité, qu’offre le code de la commande publique pour les travaux, de faible importance (100 000 euros pour les travaux 40 000 euros pour les prestations de service et les fournitures), de faire appel à des entreprises sans organiser de publicité et de mise en concurrence.
La LDM : après la réfection de l’église, comment le principe du bénévolat s’est maintenu ?
R.P : chaque année, une journée est consacrée à ce que j’appelle les douze travaux, chacun apportant l’aide adaptée à sa compétence, à son âge et à ses capacités physiques. Lors de la dernière journée, 51 personnes ont participé, soit un quart de la population. Les travaux sont variés : jardinage, peinture (par exemple les passages cloutés), nettoyage. J’évalue à 10 000 euros les économies réalisées grâce à cette initiative, un chiffre très important pour une commune comme la nôtre. Sans cette aide, il me faudrait sans doute augmenter les impôts de 30 %. Mais le gain n’est pas seulement économique : les habitants apprennent à se connaître et comprennent que le dynamisme d’un village est l’affaire de tous, pas seulement de ceux à qui on apporte sa confiance tous les six ans.
La LDM : justement, avez-vous l’intention de vous représenter l’an prochain ?
R.P : ma décision n’est pas prise. J’avais plutôt l’intention de ne pas me représenter mais il apparait difficile de trouver des candidats et je pourrais reconsidérer ma position.
La LDM : il y a quelques semaines, le Parlement a voté une loi étendant le scrutin proportionnel avec liste paritaire aux communes de moins de 1 000 habitants. Cela va rendre plus difficile encore la constitution des listes
R.P : oui, il me semble que c’est la volonté recherchée pour rendre impossible le fonctionnement des conseils municipaux des petites communes, confrontées à l’impossibilité de constituer des conseils, et pour transférer les compétences à des communes plus grandes ou à l’intercommunalité.
La LDM : votre commune est membre d’une communauté de communes, celle des Bastides en Haut Agenais Périgord, êtes-vous satisfait de son fonctionnement ?
R.P : la communauté de communes est née de la fusion de deux communautés de communes en 2013. Elle réunit aujourd’hui 43 communes, c’est trop. Quand nous étions 10 ou 15, les communes membres pouvaient être entendues. A 43, cela devient impossible, même s’il y a du mieux. Avec de telles structures, on politise la gestion locale, ce qui n’est pas nécessaire dans des communes rurales.
La LDM : même si les communes comprennent la nécessité d’avoir une gestion plus économe des espaces naturels et agricoles, elles critiquent souvent la gestion très dirigiste de l’objectif ZAN (zéro artificialisation nette). Votre commune est-elle concernée ?
R.P : oui, nous avons pu vendre à temps les lots d’un lotissement. Il ne faut pas que des dispositions législatives empêchent le développement de nos communes. Le Covid, par exemple, a permis l’installation de nouveaux habitants (35 % de la population du village est nouvelle). Nous sommes à 23 kilomètres de Villeneuve-sur-Lot, ville-centre de 22 000 habitants, c’est-à-dire pas très loin en voiture. La population qui s’installe chez nous trouve la tranquillité qu’elle recherche et les services essentiels à proximité. Or, avec l’objectif ZAN, je n’ai plus la possibilité de délivrer des permis dans ma commune.
Michel Degoffe le 24 juin 2025 - n°2369 de La Lettre du Maire
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