Encourager les déplacements à pied Abonnés
« L’essentiel tient à des aménagements et à de la persévérance », évoque d’emblée Olivier Dehaese, maire d’Acigné (Ille-et-Vilaine, 7 051 habitants). Cette commune de la métropole rennaise arrive en tête du palmarès des « villes marchables » de la Fédération française de randonnée. Dès les années 1970, les lotissements intègrent des cheminements piétons. La commune s’en est inspiré pour élargir ce réseau, à l’abri des voitures. Le chemin de ronde, qui ceinture son territoire, a ainsi permis de créer un itinéraire de 8 km, sécurisé. « Il traverse des espaces naturels que nous avons préservés et agrémentés d’aires de jeux », précise l’élu. L’aménagement n’a pas eu besoin de publicité puisque le confinement en a fait une des rares destinations de sortie autorisées.
Connecter les chemins aux voiries principales
La difficulté consiste à rassembler ces différents linéaires dans un plan de déplacement incluant les parties les plus urbanisées supportant le trafic automobile. En centre-ville, Acigné a réalisé des aménagements pour contraindre les automobilistes à respecter les 50 km/h, notamment avec des plateaux pour les passages piétons, et en retirant aux voitures de l’espace sur la chaussée. « Nous venons de réaménager la rue du stade, à côté de l’école publique, avec des bandes cyclables, en mettant la voie à sens unique. Cela apaise la circulation et encourage le vélo et la marche à pied », indique Olivier Dehaese. La commune n’hésite pas à mettre des voies en sens unique et à supprimer des places de stationnement pour élargir les trottoirs. « Alors que la réglementation PMR est à 1,40 m, nous sommes plutôt à 2 m, voire 2,50 m de largeur quand nous avons la place », précise l’élu.
Impliquer la population
Acigné a privilégié la concertation en amont, en organisant des balades et des ateliers. La commune sensibilise également les habitants aux modes de déplacements actifs. Elle propose ainsi depuis 20 ans un « pédibus » qui fonctionne notamment grâce à des parents bénévoles. « Tous les matins, ce ramassage scolaire représente 1,4 km de marche avec des arrêts en cours de route », explique Anne-Hélène Tual, maire-adjointe en charge des questions de mobilité et de la transition énergétique, qui souligne que la pérennité du pédibus tient à « une démarche collaborative entre les élus, le service scolaire, les parents et les enseignants ».
Rendre la marche attractive
Pas facile cependant d’inciter à la marche quand les distances sont grandes. A Guichen (Ille-et-Vilaine, 9 160 habitants), le bourg principal est distant de 4 km de celui de Pont-Réan. La commune, lauréate d’un appel à projets de l’Ademe consacré à la marche du quotidien, a travaillé sur la mobilité piétonne à l’intérieur de chaque centralité.
« Nous souhaitons inciter les gens qui viennent en voiture à faire leurs démarches à pied », indique Christine Jourquin, directrice générale des services. Une aire multimodale et deux parkings gratuits (zones blanches ou bleues) ont été aménagés à l’entrée du bourg « Toutes les places devant les commerces ont été converties en arrêt minute », précise la responsable. Une place et une placette ont également été piétonnisées : « nous avons retiré l’enrobé, désimperméabilisé et travaillé sur les espaces verts avec des arbres, des arbustes et des rampants. Les commerces peuvent également sortir des tables », ajoute Christine Jourquin. Des travaux qui ont dépassé les 800 000 € HT.
Même logique dans le bourg de Pont-Réan où certains itinéraires piétons concurrencent la voiture. Sans couper aucun arbre ni installer d’éclairage, la mairie prévoit de créer un cheminement dans un espace boisé classé. Il reliera le centre-bourg à des équipements publics, en ligne droite. « Au lieu de 12 à 15 mn de trajet en voiture, les piétons gagneront 8 à 10 mn », estime la DGS.
Sécuriser les déplacements piétons
A Magny-les Hameaux (Yvelines, 9 546 habitants), également en tête des villes « marchables », la mairie encourage depuis longtemps la marche sur un territoire étendu, à la fois rural avec des hameaux, et urbain. « L’aménagement a beaucoup évolué avec des trottoirs plus larges et des sentes très éloignées de la circulation », indique le maire, Bertand Houillon. Sécuriser ce réseau ne suffit pas : encore faut-il donner envie aux habitants de l’emprunter. « Sur ces cheminements, nous avons réalisé des aménagements paysagers avec des placettes, des jeux pour enfants et des espaces de rencontre », décrit l’élu. On y trouve des bancs, des tables de pique-nique et des bancs adaptés aux seniors (accoudoirs et repose-pieds).
En juin dernier, Magny-les-Hameaux a également aménagé des « parcours comestibles ». « Nous avons planté des arbres fruitiers comme autrefois », explique le maire, qui incite les piétons à en profiter cet automne, en consommant les pommes, les noisettes et les châtaignes qui seront à portée de main.
Jean-Philippe ARROUET le 10 septembre 2024 - n°2330 de La Lettre du Maire
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