Avec les conseils locaux de santé mentale, les communes veillent sur leurs habitants Abonnés
La santé mentale, un enjeu majeur bien que facultatif
« Depuis plusieurs années, les centres communaux d’action sociale (CCAS) et centres intercommunaux d’action sociale (CIAS) sont en première ligne face à cette urgence, exacerbée par les crises successives que nous avons traversées », précise en préambule Luc Carvounas, président de l’Union nationale des CCAS. Parmi ses membres, 94 % des CCAS estiment que la santé mentale est devenue une préoccupation majeure bien qu’il ne s’agisse pas d’une mission obligatoire. Selon les collectivités, le sujet est porté par différents dispositifs : contrats locaux de santé mentale (CLSM), contrats locaux de santé (CLS), ateliers santé ville (ASV) dans les quartiers de la politique de la ville, programmes territoriaux de santé mentale (PTSM) pour les départements. Un CCAS sur quatre interrogé par l’UNCCAS possède un CLSM (conseil local de santé mentale) et ce développement s’accélère puisque 52 % ont été créés au cours des deux dernières années. Ce dispositif, dont la forme a été formalisée en 2016, comprend un comité de pilotage, une assemblée plénière et une cellule dédiée à la prise en charge des cas complexes (voir LDM n° 2770). « La maladie mentale ne se soigne pas seulement à l’hôpital. La majeure partie des gens ne seront jamais hospitalisés », précise Cécile Binart, coordinatrice du CLSM d’Antony (Hauts-de-Seine, 63 991 habitants).
Fédérer les professionnels
« Il faut éviter d’en arriver à la situation de crise », estime Cécile Binart. Forts de ce principe, les CLSM se proposent de traiter les troubles mentaux en dépassant la seule question des soins pour s’intéresser au cadre de vie des personnes concernées. A Antony, le groupe de travail constituant la cellule de veille du CLSM rassemble la ville et son CCAS, l’hôpital psychiatrique Erasme, l’Unafam (Union nationale des familles et amis des malades mentaux), l’office HLM Hauts-de-Bièvre Habitat et la police nationale. « Nous invitons tout acteur concerné à rejoindre le comité de pilotage », indique la coordinatrice. Le CLSM travaille ainsi déjà avec le conseil départemental, l’Education nationale, le CMPP (centre médico-psycho-pédagogique). Au total, la ville a envoyé une cinquantaine d’invitations. Elle a également édité un dépliant** expliquant l’objet du CLSM et son fonctionnement aux acteurs locaux comme au public concerné. Cécile Binart a inscrit en tête de ses objectifs la « déstigmatisation », afin de combattre les clichés sur la maladie mentale et sa prise en charge. Tout ne se résout pas à l’hôpital, encore moins par l’enfermement : le logement, l’insertion ou la culture contribuent à stabiliser ou améliorer l’état des personnes fragilisées.
Une action pédagogique
« En 2022, nous avons mis en place des formations aux premiers secours en santé mentale pour apprendre à répondre aux situations de crise », indique la coordinatrice. 150 personnes (agents au contact de la population, représentants d’associations sportives, intervenants dans les quartiers de la politique de la ville…) ont suivi cette formation de deux jours pour intervenir directement et pour devenir des personnes ressources à la disposition de leurs collègues. Le CLSM organise aussi régulièrement des forums, par exemple sur la santé mentale et le sport ou sur le parcours de soin psychiatrique, avec l’objectif de rompre l’isolement, de changer le rapport à la maladie mentale et de montrer qu’il est possible de retrouver une vie normale.
* « Priorité santé mentale ! Etat des lieux des dispositifs dans les territoires », consultable sur www.unccas.org/
**www.ville-antony.fr/images/Actualite/2018/decembre/clsm/depliant_CLSM_2018.pdf
Jean-Philippe ARROUET le 12 novembre 2024 - n°2339 de La Lettre du Maire
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