La grande ambition territoriale du gouvernement s’est réduite à une diminution du nombre des régions : ce qui n’est pas grand-chose, mais occupe énormément la classe politique, les médias et les sénateurs.
Ceux-ci, en majorité, résistent, et comme le Sénat passera bientôt à droite, on doute que cette réformette aboutira jamais. Faut-il le regretter ? Pas vraiment, car les véritables questions sont éclipsées : ne faudrait-il pas fusionner régions et départements et quelle est l’utilité des régions telles qu’elles existent ? Utilité sévèrement mise en cause par le récent rapport de la Chambre régionale des comptes de Poitou-Charentes. Celle-ci nous apprend que Ségolène Royal, présidente depuis dix ans, jusqu’à son entrée au gouvernement, a investi directement et indirectement (par des garanties d’emprunts) une dizaine de millions d’euros dans une entreprise locale de voitures électriques. Celle-ci a fait faillite, ce qui était prévisible car l’automobile est un marché mondial où une PME trouvera difficilement sa place. Et que les voitures électriques ne semblent pas vouées à un grand avenir. Mais la présidente de région s’est acharnée confortant un grand principe de politique industrielle : quand l’échec est patent, il faut ajouter de l’argent pour dissimuler l’erreur initiale et surtout ne pas la reconnaître. Par-delà ce désastre local, la Chambre révèle des pratiques régionales courantes et pétries de bonnes intentions : intervenir à tort et à travers dans la vie des entreprises, dans l’opacité et au plus loin du contrôle des électeurs.
Le plus grand service que la puissance publique - de l’Etat aux régions - pourrait rendre aux entreprises et pour la création d’emplois nouveaux, serait d’alléger les contrôles bureaucratiques de stabiliser le droit et la fiscalité, de simplifier le code du travail. Au total, quitte à « réformer » les régions, il serait bénéfique de cantonner leurs compétences (ou incompétences) économiques : un retrait qui - j’en conviens - n’est pas dans l’air du temps mais « relancerait » vraiment l’esprit d’entreprise non assisté.
Guy SORMAN le 01 juillet 2014 - n°1864 de La Lettre du Maire