Pour Franck Louvrier, maire de La Baule, la mission de maire s’inscrit nécessairement dans un temps long Abonnés
Entretien.
La Lettre du Maire : même si vous vous montrez enthousiaste, on ne peut pas nier le désarroi de nombreux maires. Comment l’expliquez-vous ?
Franck Louvrier : c’est dans mon département, la Loire-Atlantique, qu’on compte le plus de démissions de maires et de conseillers municipaux. Je crois que ce qui décourage les maires, c’est qu’ils sont sans cesse enfermés dans des injonctions contradictoires, tant du fait des habitants que de l’Etat. Ainsi, le contribuable ne veut pas que les impôts augmentent mais l’habitant veut plus de services ; et l’Etat nous demande de ne plus artificialiser tout en exigeant que l'on construise des logements.
La LDM : justement, à ce sujet, en tant que commune attractive du littoral, rencontrez-vous des difficultés ?
F.L : oui, au regard de la loi SRU, nous en sommes à 9 % de logements sociaux (nous étions à 6 % au début de mon mandat), mais nous n’atteindrons jamais les 25 %. Nous n’avons pas assez de foncier et je n’ai pas le projet de construire la ville sur la ville, c’est-à-dire de densifier, car nous avons un environnement de qualité à préserver.
La LDM : le grand nombre de résidences secondaires est-il un problème ?
F.L : cela peut mais c’est aussi une chance qui est le résultat de la qualité de vie dans notre commune. Par souci d’équité, j’ai d’ailleurs choisi de ne pas majorer la taxe d’habitation que payent les occupants de résidences secondaires car ils n’utilisent pas pleinement les services offerts à l’année. Mais je mène une politique incitant les résidents secondaires à s’installer à l’année. J’ai l’ambition notamment d’attirer des cadres qui peuvent travailler loin de leur entreprise grâce au télétravail. Nous avons également transformé le camping pour y accueillir des travailleurs saisonniers, l’été bien entendu mais également l’hiver (en particulier pour des employés qui viennent travailler pour les Chantiers de l’Atlantique ou Airbus.) : 60 logements sont disponibles.
La LDM : bien qu’élu de droite, vous avez fait le choix de reprendre en régie la restauration collective.
F.L : oui, nous avons choisi ce qui nous semblait la meilleure solution pour nos usagers. La reprise en régie ne nous coûte pas plus cher et nous pensons qu’en gérant directement le service, nous développerons plus efficacement les circuits courts pour servir des repas équilibrés. Le maire doit avoir conscience que le seul repas équilibré de la journée que fait un enfant est souvent celui qui lui est servi à la cantine.
La LDM : à vous lire, on ne sent pas un enthousiasme débordant à l’égard de l’intercommunalité ?
F.L : la communauté d’agglomération Cap Atlantique regroupe 15 communes. Mais elle n’a pas, selon moi, fait la preuve de son efficacité. Les économies d’échelle annoncées par Jean-Pierre Chevènement lorsqu’il a relancé l’intercommunalité en 1999 se font attendre. Je pense que l’intercommunalité ne doit pas être un échelon supplémentaire mais une structure permettant aux communes de mener à bien des missions qu’elles ne sont pas capables d’entreprendre seules. Nous gagnerions à nous tourner vers Saint-Nazaire, c’est-à-dire là où il y a aussi un dynamisme économique. Un exemple : les maires sont confrontés aux déserts médicaux. La communauté d’agglomération ne nous a été d’aucune utilité pour régler ce problème. Il faudrait se tourner vers Saint-Nazaire agglo qui, elle, a un centre hospitalier.
La LDM : votre approche est originale, les communes ont fréquemment peur d’être noyées dans des structures trop vastes.
F.L : je n’ai pas cette crainte si, comme je vous l’ai dit, l’intercommunalité n’est pas une structure supra-communale.
La LDM : le gouvernement Bayrou a annoncé un effort d’économies de 40 milliards d’euros, 5 étant à la charge des collectivités territoriales. Cela vous parait-il réaliste ?
F.L : nous payons déjà beaucoup : 1,450 million d’euros pour non-respect de la loi SRU et 450 000 euros pour le Dilico (Dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités). L’effort est important alors que, comme je m’y étais engagé, nous n’avons pas augmenté les impôts. On pourrait attendre la même logique vertueuse de la part de l’Etat.
Michel Degoffe le 09 septembre 2025 - n°2376 de La Lettre du Maire
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