Les missions locales, un outil pour aider les jeunes précaires Abonnés
Assurer l’avenir du territoire
A la mission locale de l’Aigle Mortagne-au-Perche dans l’Orne, chaque conseil d’administration est un succès. Les maires ont compris l’intérêt de cette structure pour la vitalité de leur territoire rural, immense mais dépeuplé (il regroupe six communautés de communes, soit 2 483 km² pour seulement 78 670 habitants). « Tout le territoire a été classé en zone de revitalisation rurale », explique Marylène Dheygers, directrice de la mission locale. « Les difficultés d’accès au droit et de mobilité pour les jeunes sont démultipliées ». La mise en commun des moyens couvre le territoire avec deux implantations et 22 lieux de permanence. « Nous sommes accueillis dans des mairies, des maisons France Services, des médiathèques, parfois même dans le bureau du maire pour recevoir les jeunes », précise la directrice. La priorité est de briser une tendance au repli sur soi. « Il faut que les jeunes aient un espace où ils puissent venir et être entendus », insiste Marylène Dheygers. « C’est important, car en ruralité on est parfois tout seul. » Sur plus de 1 600 accompagnés chaque année, un tiers sont nouveaux. Des situations variées qui impliquent la mobilisation de dispositifs d’État : réseau des conseillers en évolution professionnelle (CEP), parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (PACEA), contrat d’engagement jeune (CEJ)… Mais cette offre ne répond pas à tous les besoins et la mission locale développe de nouveaux programmes et partenariats. « Nous fonctionnons par appels à projets. J’ai des chargés de projets qui recherchent des financements : mécénat, fonds européens ou du département », décrit Marylène Dheygers. L’adhésion au « Groupement de créateurs » permet ainsi d’accompagner les porteurs d’un projet d’entreprise. Il y a deux ans, une « Ecole de la citoyenneté » a été créée : pendant cinq jours, une quinzaine de jeunes réfléchit à l’engagement associatif, politique ou professionnel. Autres initiatives : un pôle média créé avec le réseau « La B’ON-ID », des ateliers d’accès au droit, des rencontres avec des employeurs à l’occasion de matchs de handball, des stages qui ouvrent droit à une aide au permis de conduire.
Repérer les jeunes en difficulté
En ville, les missions locales s’adaptent à d’autres enjeux. « Nous avons un pôle santé social dédié à l’accompagnement des jeunes qui ont des difficultés de santé, somatiques ou psychiques », indique Keltoum Rochdi, présidente de la mission locale de Cergy Pontoise (Val d’Oise, 214 428 habitants) et élue déléguée aux solidarités de l’agglomération. « Nous avons créé un espace d’écoute mais aussi de repérage car certains jeunes sont dans le déni. Il faut par exemple lutter contre le renoncement aux soins ». Les conseillers ont été formés aux premiers secours en santé mentale. Autre priorité, lutter contre les handicaps ou le décrochage scolaire : troubles psychiques, problèmes de santé, difficultés sociales ou familiales… L’année dernière, la mission locale a accompagné 3 632 jeunes venant des 13 villes de l’agglomération. Budget : 650 000 € environ, dont 53 % proviennent de l’État. D’où une crainte qui gagne toutes les missions locales : « on voudrait que les politiques jeunesse ne soient pas oubliées dans le projet de loi de finances », s’inquiète Stéphane Valli. A quelques jours des rencontres nationales de l’Union nationale des missions locales (UNML), il vient d’alerter la nouvelle ministre du Travail.
*art. L. 5314-2 du code du travail.
Jean-Philippe ARROUET le 15 octobre 2024 - n°2335 de La Lettre du Maire
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