Le transport solidaire, une solution de mobilité dans les zones rurales Abonnés
Entretien avec son fondateur.
La Lettre du Maire : vous êtes très implanté en Dordogne mais si un maire de la Creuse ou de l’Aisne qui nous lit est intéressé, vous pouvez lui répondre ?
Vincent Desmas : oui, bien entendu. Nous sommes installés dans 30 départements et 800 communes. Notre service est duplicable partout en France métropolitaine. Sauf peut-être à Paris et en proche banlieue ; la solution s’y prête moins. Même si nous sommes installés dans la vallée du Loing, à une heure de Paris.
La LDM : êtes-vous en concurrence avec des services comme Blablacar ?
V.D : non, d’abord parce que Blablacar vise les grands trajets. Il existe aussi des systèmes de covoiturage mis en place par les entreprises pour leurs salariés et soutenus par des fonds publics. De notre côté, nous proposons principalement du transport solidaire. Avec le covoiturage, le principe est le suivant : vous devez vous déplacer et vous n’avez pas de moyen de transport, vous allez sur un site pour trouver quelqu’un qui pourrait vous véhiculer. Dans le transport solidaire, la personne qui a besoin de se déplacer dépose sa demande sur notre plateforme avec une date, une heure, un point de départ et un point d’arrivée. L’automobiliste qui accepte de la prendre en charge vient la chercher et la redépose une fois qu’elle a terminé ses courses par exemple.
La LDM : n’est-ce pas contraignant pour l’automobiliste qui va devoir attendre deux ou trois heures au chef-lieu de canton que la personne qu’il a prise en charge ait terminé ses courses ou son rendez-vous médical ?
V.D : non parce que lorsque l’automobiliste accepte la demande, il est au courant de toutes les contraintes. Souvent les conducteurs choisissent de grouper ces trajets avec leurs propres besoins de courses, qu’ils font pendant que le bénéficiaire est à son rendez-vous par exemple. Il arrive aussi que certains conducteurs accompagnent et aident la personne à faire ses courses. Les conducteurs, souvent de jeunes retraités, sont heureux de rendre service.
La LDM : même si l’automobiliste est indemnisé (32 centimes du kilomètres), j’imagine que l’argent n’est pas la motivation première ?
V.D : non. Trois éléments motivent l’automobiliste qui s’inscrit sur Atchoum : l’envie de rendre service, d'être utile et de tisser du lien social. A l’expérience, on s’aperçoit que ce troisième élément est rapidement déterminant. Des binômes se forment au fur et à mesure : des bénéficiaires ont peu à peu leurs conducteurs habituels.
La LDM : vous parlez beaucoup des personnes âgées. Le service leur est-il uniquement destiné ?
V.D : non bien entendu. On peut, par exemple, avoir besoin ponctuellement de notre service parce que la voiture est au garage, parce qu’on a un problème de santé, pace qu’on n’a plus de permis de conduire, etc. Mais nous constatons en effet que ce sont surtout les personnes âgées qui l’utilisent. A ce sujet, la prestation est très sécurisée. Il n’y a pas d’échange d’argent entre l’automobiliste et la personne transportée. Elle peut payer par carte bancaire via internet mais également (car on sait que les personnes âgées ne sont pas toujours familiarisées avec ce mode de paiement) par des tickets mobilité qui peuvent être achetés à la mairie. 70 % des transports sont payés par ce moyen.
La LDM : le service est-il coûteux pour la commune ou l’intercommunalité qui fait appel à vos services ?
V.D : Atchoum se veut une solution à bas coût pour les collectivités, loin des investissements nécessaires à la création d’un service de transport public ou de transport à la demande. Le prix maximum est de 65 centimes par habitant et par an. Au-dessus de 15 000 habitants, le prix est dégressif. Une intercommunalité du Gard de 70 000 habitants vient par exemple de recourir à nos services et payera 45 centimes par habitant. Le service comprend une plateforme sur laquelle automobilistes et demandeurs s’inscrivent, une application mobile et un centre d’appel gratuit pour les utilisateurs. Les personnes qui ne sont pas forcément des habitués d’Internet peuvent donc appeler pour trouver un conducteur. Quand une commune fait appel à nous, ses habitants deviennent automatiquement éligibles pour commander un trajet auprès de notre centre d’appel, situé dans le Var.
*https://www.atchoum.eu>
Michel Degoffe le 06 novembre 2025 - n°2385 de La Lettre du Maire
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