Le « design actif » ou comment inciter les habitants à faire de l’exercice Abonnés
Pour mettre en mouvement un plus grand nombre d’habitants, le design sportif mise sur le réaménagement d’espaces publics ordinaires. Là, une portion de trottoir peut être peinte aux couleurs d’une piste d’athlétisme. Ailleurs, un escalier devient le prétexte à un exercice de cardio-training en proposant de sprinter jusqu’à la dernière marche. Le succès de la démarche repose sur l’absence d’engagement formel ou de préméditation. Le piéton est stimulé à l’improviste et suffisamment pour se lancer dans un exercice physique, avant de reprendre le cours normal de sa marche. Aucune tenue ni démarche spécifique ne sont nécessaires.
Bouger en jouant
Saint-Dizier (Haute-Marne, 23 427 habitants) fait partie des villes pionnières qui ont participé à une expérimentation « Territoires-pilotes du design actif », initiée par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Elle vient également d’être récompensée par un « Grand prix des maires » décerné par RMC en partenariat avec l’Association des maires de France (AMF). « Les habitants se prêtent au jeu », affirme Mokhtar Kahlal, maire-adjoint à la vie associative, aux sports et à la jeunesse. Cette ville moyenne est un berceau historique du mobilier urbain, sensible à ces équipements pour proposer une innovation aux habitants. D’autant que les travaux nécessaires sont minimes. « Nous avions des bancs auxquels nous avons ajouté des éléments d’accroche sur le dossier ce qui les transforme en outils pour pratiquer le gainage », explique l’élu. Ailleurs, des pédaliers ont été placés devant des bancs pour permettre aux personnes qui s’assoient de recharger leur portable en pédalant. Un cheminement a également été repeint comme des couloirs d’athlétisme colorés et la mairie a installé un radar pédagogique, semblable à ceux qui mesurent la vitesse du trafic routier. Un détail qui change tout car les passants sont curieux de mesurer leur vitesse et, pour certains, soucieux d’améliorer leur performance à chaque passage.
Des effets bénéfiques cumulatifs
Le design actif ne s’adresse pas qu’aux adultes sédentaires. Il attire plus encore les enfants. « Nous avons sécurisé les abords d’une école en lui donnant une dimension sportive », se félicite Mokhtar Kahlal. Pour éviter les stationnements anarchiques aux horaires d’entrée et sortie des classes de l’école Jean Macé, la mairie a supprimé toute possibilité d’arrêt et aménagé un parking plusieurs dizaines de mètres plus loin, obligeant les élèves à marcher sur un trottoir bordé d’un côté par un mur, de l’autre par le trafic. Saint-Dizier a transformé cette section de mur en via ferrata (parcours d’escalade), qu’empruntent spontanément les enfants. Tout en faisant de l’exercice, ils se tiennent éloignés de la bordure du trottoir. Un marquage au sol avec des cases à franchir se poursuit également jusque dans la cour pour y guider plus facilement les élèves. Dernier bénéfice observé à Saint-Dizier, le design actif a redonné de l’élan à certains équipements sportifs comme le « pump track » (piste en relief destinée aux utilisateurs de skateboard, de BMX ou de VTT). Il a suffi que la mairie implante une borne de chronométrage pour augmenter la fréquentation du site.
* https://agence-cohesion-territoires.gouv.fr/guide-design-actif-749
Jean-Philippe ARROUET le 17 janvier 2023 - n°2255 de La Lettre du Maire
- Conserver mes publications au format pdf help_outline
- Recevoir par mail deux articles avant le bouclage de la publication.help_outline
- Créer mes archives et gérer mon fonds documentairehelp_outline
- Bénéficier du service de renseignements juridiqueshelp_outline
- Bénéficier du service InegralTexthelp_outline
- Gérer mon compte abonnéhelp_outline