Des outils numériques pour un meilleur système d’alerte Abonnés
Fortement touchée en 1988, la ville de Nîmes (Gard, 150 672 habitants) a été pionnière dans l’utilisation des outils numériques pour prévenir ces risques. En 2005, elle met en place le dispositif de surveillance des crues éclairs urbaines baptisé « ESPADA (évaluation et suivi des pluies en agglomération pour devancer l’alerte). Le dispositif se déploie en deux temps : d’abord, il surveille l'évolution des précipitations et du ruissellement sur l'ensemble du territoire grâce à trois types d’outils : stations de mesures hydrométéorologiques, radars et caméras de surveillance. Ensuite, ces données sont exploitées afin d'évaluer localement le risque d'inondation en temps réel. Si le dispositif détecte un débordement en cours ou à venir, un indicateur alerte le prévisionniste de crue et identifie la zone concernée. Cette analyse permet aux autorités locales de décider des actions à mettre en œuvre dans le cadre du Plan communal de sauvegarde (PCS) : alerte de la population (réseaux sociaux et site internet de la mairie, automate d'appels), mise en place d'opérations de soutien à la population…. Le lien opérationnel est assuré par la proximité entre l'espace dédié aux prévisionnistes ESPADA et le Poste de commandement communal (PCC) de la collectivité.
En 2014, la municipalité a modernisé son dispositif d'observation grâce à un réseau radio et un outil radar. Les données sont désormais produites toutes les 5 minutes. Puis une nouvelle phase de modernisation, lancée en 2017, a amélioré les interfaces utilisateur et optimisé les performances du modèle de prévision, désormais réajusté en permanence sur la base des observations réalisées.
La collectivité projette, à terme, de permettre au public d'accéder aux données collectées. Le coût de fonctionnement d'ESPADA est compris entre 50 000 et 75 000 € par an, correspondant au coût d'entretien d'une cinquantaine de capteurs et aux frais de maintenance logicielle. Il n’est donc pas à la portée de toutes les communes, mais il est possible de mutualiser le coût en créant un syndicat de communes.
Des solutions plus accessibles
Si la solution mise en place par Nîmes n’est peut-être pas accessible à tous, il existe des solutions alternatives pour les communes plus modestes : ainsi, Sommières (Gard, 5 000 habitants) a d’abord installé des sirènes, puis, en 2004, des alertes par SMS ou message vocal, pour un coût annuel d'environ 4.000 €, financé entièrement par la commune, sans subvention. Ce système fait partie du Plan communal de sauvegarde (PCS).
De son côté, le Pays de Lourdes et des Vallées des Gaves (PLGV), pôle d'Équilibre Territorial et Rural (PETR) créé le 1er janvier 2014, et exerçant notamment la compétence GEMAPI, a mis en place, à ce titre, un dispositif numérique d’alerte des crues. Le dispositif, dont l'installation a coûté 30.000 €, a été élaboré dans le cadre de la prévention des risques d'inondations avec le soutien de l'État et en lien avec Météo-France et les chercheurs de l'université de Pau. Les informations et alertes peuvent notamment être envoyées aux habitants par téléphone, via internet, ou directement sur leur application mobile.
Parallèlement à ce système d'alerte, le PETR a mis en place des outils d'observation de ses cours d'eau : des galets ont été équipés de puces RFID de radio-identification pour étudier les déplacements des sédiments, à l'origine des crues. Nommé « O2H », ce projet, à caractère expérimental, est un partenariat public-privé.
S’appuyer sur les outils du Cerema
Le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), établissement public d’expertise de l’Etat, a développé une application disponible gratuitement sous Android pour mobiles et tablettes. CRISI (acronyme de Collecte et de Relevé d’Informations Suite à une Inondation) regroupe dans un smartphone tous les outils nécessaires à une collecte complète et fiable sur le terrain. L’application CRISI permet d’effectuer rapidement des campagnes de relevés après une inondation. Elle simplifie le recensement de l’ensemble des laisses d’inondation, traces du passage de l’eau, parmi lesquels les Plus Hautes Eaux, mais aussi les dommages. Elle améliore l’efficacité des campagnes de relevés en réduisant les coûts, en optimisant le temps passé sur le terrain, grâce à la fiabilité et la qualité des relevés. L’utilisateur disposera alors de plus de temps pour son expertise.
Jean-Philippe Vaudrey le 01 mars 2022 - n°2215 de La Lettre du Maire
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