Dans l’Hérault, une école rénovée et devenue neutre en énergie Abonnés
Entretien.
La Lettre du Maire : la rénovation de l’école Georges Rascol repose sur une approche innovante nommée « EnergieSprong » et venue des Pays-Bas. Comment en êtes-vous arrivé à faire ce choix ?
François Rio : nous avons d’abord réalisé un diagnostic de nos écoles, non seulement pour trouver des solutions afin d’améliorer leur performance énergétique mais également pour le confort des enseignants et des élèves. S’il fait trop froid ou trop chaud dans les classes, le travail s’en ressent. Avant d’entreprendre des travaux nous avons mené une concertation avec le personnel, enseignant ou non, et les élèves. Parmi toutes nos écoles, nous en avons choisi une qui devait être prioritaire. Nous avons ensuite fait appel à un bureau d’étude thermique, il nous a mis en relation avec l’entreprise Greenflex qui développe le projet EnergieSprong, qui avait été utilisé jusqu’ici uniquement pour la rénovation des habitations mais pas encore pour des écoles. Or, les problèmes ne sont pas les mêmes : dans une école, on alterne les moments où il y a beaucoup de monde et les moments de vacances ou de week-end où il n’y a personne. Greenflex nous a donné des conseils en ce sens.
La LDM : la société ne réalise pas les travaux ?
Céline Mortier : non, nous avons eu recours à un assistant à la maîtrise d’ouvrage qui nous a aidé à préparer les documents d’un marché, puis nous avons lancé une procédure de passation d’un contrat de performance énergétique. Nous devions choisir un groupement (architecte, entreprise) travaillant ensemble pour atteindre l’objectif fixé, et neutre en énergie consommée.
La LDM : finalement, EnergieSprong est un contrat de performance énergétique classique, c’est-à-dire des travaux de rénovation avec des objectifs de réduction de la consommation énergétique ?
François Rio : la démarche est un peu plus complexe et ambitieuse.
C.M : ce n’est pas un contrat de performance énergétique classique car il y a d’abord une contrainte très forte et le contractant que nous avons choisi a respecté cette contrainte : les travaux devaient être réalisés dans les deux mois de vacances d’été afin de ne pas perturber les élèves. Ils ont consisté en une double isolation en bois. L’isolation est assemblée en usine et déposée ensuite sur le bâtiment, ce qui réduit le temps de présence sur le chantier. Nous avons remplacé la chaufferie au gaz, installé un CTA (climatisation et traitement de l’air) et des panneaux photovoltaïques sur le toit. Sur l’année, nous atteignons l’objectif de zéro énergie dépensé.
La LDM : l’investissement est-il conséquent ?
F.R : il faut se projeter à long terme. Le coût des travaux était de 1,5 million d’euros. A cela, il faut ajouter la maintenance (330 000 euros). Mais sur la durée de 20 ans du contrat, nous réduisons drastiquement les dépenses d’énergie.
La LDM : avez-vous pu obtenir des financements ?
C.M : ce fût difficile car c’était la première école ainsi rénovée en France. L’enjeu environnemental était indéniable mais le projet n’entrait pas dans des cadres bien définis. Nous avons pu compter cependant sur le soutien de la Banque des territoires, un prêt à taux zéro sur 13 ans.
La LDM : on peut ajouter qu’une loi votée en début d’année permet maintenant aux communes de recourir au tiers financement dans le cadre d’un contrat de performance énergétique. La commune peut s’appuyer sur un organisme qui lui prête de l’argent, l’organisme se rémunérant sur les économies d’énergie réalisées pendant toute la durée du contrat.
F.R : en tant qu’acteurs publics, nous devons nous engager dans cette démarche, qui est inévitable, pour des questions de réduction des coûts, de préservation de nos ressources et de confort thermique.
C.M : outre le financement, il y a des contraintes techniques. La méthode EnergieSprong consiste à emballer le bâtiment par une double isolation. Il est donc souhaitable que le bâtiment n’ait pas une forme trop complexe qui rendrait difficile la pose de l’isolation.
La LDM : cette rénovation vous permet-elle d’atteindre les objectifs du décret tertiaire qui oblige les collectivités propriétaires de bâtiments de plus de 1000 m2 à réduire la consommation d’énergie de 60% d’ici 2050 ?
C.M : oui, les termes du contrat obligent également à respecter ces objectifs.
La LDM : les objectifs stipulés dans le contrat ont-ils été atteints ?
C.M : nous arrivons au terme de la première année d’exécution du contrat et un bilan sera bientôt établi. A priori, les objectifs sont atteints.
Michel Degoffe le 23 janvier 2024 - n°2302 de La Lettre du Maire
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