Travailler en bonne intelligence avec sa métropole Abonnés
Entretien.
La Lettre du Maire : vous avez été élu maire en 2020. Vous aviez quelques inquiétudes en début de mandat puisque le maire de Bordeaux, nouvellement élu lui aussi, avait indiqué qu’il souhaitait abandonner le projet voté d’un tramway à Saint-Médard-en-Jalles. Le projet a finalement abouti. Vous avez des ambitions en matière de mobilité, ne sont-elles réalisables qu’en accord avec la métropole ?
Stéphane Delpeyrat : oui, bien entendu, la politique de mobilité relève de la métropole. Mais nous travaillons en bonne intelligence. L’organisation de la métropole permet d’associer les communes au projet métropolitain. Je suis par exemple vice-président chargé du développement économique et de la vie scolaire. En matière de transport, nous avons acté le développement d’un RER métropolitain. Il ne s’agit pas de déployer un nouveau réseau mais de renforcer les lignes existantes pour permettre le passage de plus de trains, pouvant desservir toutes les communes de la métropole dotées d’une gare. A cet égard, la gare de Talence va d’ailleurs rouvrir.
La LDM : l’idée lancée par le président de la République de RER métropolitains n’était donc pas saugrenue. Et que se passe-t-il pour les communes non desservies par une gare ?
S.D : des transports en commun seront organisés à partir des gares. Nous comptons développer notamment les bus à haut niveau de service, moins chers que le tram. Ils fonctionnent bien sûr à l’électrique et sont donc moins bruyants. Ce sont des bus qui ont une plus grande amplitude de fréquence (la nuit et le week-end). Et il y a la wifi à bord.
La LDM : la métropole a développé une zone à faibles émissions, est-elle bien acceptée ?
S.D : cela ne va pas sans tensions. L’institution de ces zones est une volonté du législateur et nous en prenons acte. Mais on a souvent mis la charrue avant les bœufs. Il aurait fallu aider les automobilistes, en particulier les artisans, à se doter de véhicules propres.
La LDM : la crise des gilets jaunes a été particulièrement vive. Certains l’ont expliqué par la politique d’urbanisme menée depuis une vingtaine d’années*. Bordeaux est devenue une ville accueillante, pour les parisiens notamment. Le prix de l’immobilier a augmenté, obligeant les personnes aux revenus modestes à s’éloigner du centre-ville et donc à prendre la voiture pour aller travailler. Et on leur explique maintenant que ce n’est pas bien.
S.D : en effet. Avant d’être maire, j’ai été élu dans les Landes, j’ai donc pu observer la disparité des moyens qui s’accentue entre les zones rurales et les zones urbaines. Les moyens d’une métropole sont incomparablement supérieurs à ceux d’un département rural. Cette disparité se traduit ensuite dans les urnes avec un vote qui reflète cette fracture territoriale. Ce n’est pas une bonne nouvelle.
La LDM : pour répondre à cette crise du logement, la métropole ou votre commune mènent-elles une politique volontariste ? La communauté d’agglomération du Pays Basque a par exemple adopté une réglementation contraignante pour le propriétaire qui souhaite louer un appartement sur AirNb. En êtes-vous là dans la métropole bordelaise ?
S.D : oui, nous avons adopté une règle de plafonnement des loyers. Nous avons également institué un permis de louer, c’est-à-dire un régime d’autorisation qui s’applique aux loueurs, et qui nous permet de vérifier que le logement n’est pas impropre à la location. Mais la clé d’un assainissement du marché immobilier reste la détention du foncier. Dans ce but, la métropole a renforcé le rôle des offices fonciers qui acquièrent des terrains pour construire.
*voir Pierre Vermeren, « Gilets jaunes : l’exemple des mutations de Bordeaux et de la Gironde », Le Figaro 21 novembre 2018.
Le médiateur de l’énergie, autorité administrative indépendante, critique Gaz de Bordeaux dans son rapport annuel, le fournisseur quasi-unique de gaz dans les 46 communes girondines. Il lui reproche d’avoir proposé à ses clients des contrats à prix fixe d’un montant très élevé, alors qu’il pouvait leur proposer des prix indexés sur les tarifs réglementés, ce qui leur aurait permis d’être éligibles au bouclier tarifaire (le tarif proposé était deux fois supérieur au tarif réglementé). L’absence de concurrence explique peut-être cette situation.
Michel Degoffe le 26 juin 2023 - n°2278 de La Lettre du Maire
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