Les agences de l’eau accompagnent les communes qui veulent réduire les fuites sur leur réseau Abonnés
La Lettre du Maire : on avance le chiffre moyen de 20% de l’eau perdue en raison de fuites sur les canalisations. Est-ce un chiffre crédible ?
Denis Rousset : c’est le chiffre de 2021. Le pourcentage de fuites s’est un peu réduit, à 18,5%. Mais c’est dans cette ordre de grandeur.
La LDM : l’agence de l’eau peut-elle aider les communes à régler ce problème ?
D.R : oui, c’est l’une de nos préoccupations. Nous lançons régulièrement des appels à projets pour aider les collectivités qui ont identifié le problème et les aider à le résoudre.
La LDM : une commune qui veut mener une action en ce domaine ne peut donc pas le faire de manière isolée et en déposant un dossier. Elle doit s’inscrire dans un appel à projets ?
D.R : oui. Par exemple, l’agence Bretagne-Loire a lancé un appel à projets de 40 millions d’euros avec pour objectif de remplacer 500 kilomètres de canalisation. Car il est évident que l’essentiel des fuites s’explique par la vétusté du réseau.
La LDM : certaines communes sont très hostiles au transfert obligatoire de la compétence eau et assainissement aux communautés de communes. Dans une question parlementaire, un député faisait même remarquer que certaines agences de l’eau conditionnent les aides au transfert de la compétence eau à l’intercommunalité. Elles soutiennent que la disparition programmée des petits syndicats se traduira inéluctablement par une augmentation du prix de l’eau. Ont-ils raison ?
D.R : oui, il est possible que le passage à l’intercommunalité se traduise par une augmentation du prix de l’eau. Mais il faut prendre en compte le service rendu. A l’échelle de l’agence, on constate que les intercommunalités ont souvent plus de moyens pour assurer le suivi. Il est également certain qu’une intercommunalité dotée d’une certaine capacité d’expertise a plus de chance d’être retenue dans le cadre d’un appel à projets.
La LDM : la gestion de l’eau est souvent déléguée. Est-ce que ce n’est pas au gestionnaire délégué de veiller à réduire les fuites d’eau ?
D.R : oui, il arrive que le contrat de délégation de service public comporte des objectifs de réduction des fuites. Mais ce n’est pas toujours le cas. On ne peut qu’inciter les collectivités à insérer de telles clauses quand intervient une renégociation.
La LDM : ces derniers temps, les piscines privées sont très décriées. Pensez-vous que ce soit un bon angle d’attaque ?
D.R : c’est le débat classique sur les usages de l’eau. Mais il faut prendre conscience de l’ampleur du problème. Pour le territoire que je connais, celui de l’agence Bretagne-Loire, 150 millions de m3 sont perdus chaque année en raison des fuites sur le réseau. C’est approximativement la consommation de la région Centre-Val-de-Loire. La multiplication des piscines n’est donc qu’un problème marginal de ce point de vue. L’agence mène d’ailleurs des actions pour aider les collectivités territoriales à mettre en place une gestion plus économe de l’eau des piscines, par exemple en réutilisant l’eau.
La LDM : à la lecture de votre site, j’ai constaté que l’agence de l’eau mène des actions variées en direction des entreprises et des collectivités. Vous pouvez nous en dire plus ?
D.R : par exemple, auprès de Loire Forez agglomération nous avons mené une action intitulée « Mieux gérer les eaux de pluie ». Nous aidons la collectivité à gérer rationnellement l’usage de l’eau. Le problème de la rareté est incontestable. L’été dernier, dans le périmètre de l’agence, environ 150 communes ont dû transporter l’eau par camions citernes pour alimenter les usagers. C’est un phénomène nouveau que l’on ne peut pas évacuer d’un revers de main.
La LDM : l’agence peut en outre apporter son aide à la modernisation du réseau d’assainissement collectif mais également individuel. Les particuliers dont la maison est dotée d’une installation individuelle parce qu’il n’y a pas de réseau collectif peuvent donc être aidés ?
D.R : oui, dans la mesure où une installation d’assainissement individuel qui fonctionne mal pollue. Or, l’agence doit lutter contre la pollution. Là encore, ce n’est pas le particulier qui dépose son dossier isolé à l’agence de l’eau. Les aides apportées aux propriétaires d’installations individuelles passent par le SPANC (service public d’assainissement non collectif).
Michel Degoffe le 19 septembre 2023 - n°2286 de La Lettre du Maire
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