Désert médical, ZAN, Intercommunalité : le point sur les préoccupations d’un élu local Abonnés
Entretien.
La Lettre du Maire : à la lecture de votre ouvrage, on découvre qu’un élu vendéen rencontre des problèmes équivalents à ceux de tous les maires partout sur le territoire, par exemple la difficulté à recruter un médecin.
Olivier Coutansais : oui, alors que notre région présente quelques atouts (proximité du littoral, d’une grande métropole), nous avons eu de grandes difficultés à faire venir un médecin. Je me suis engagé à titre personnel en me rendant à une manifestation de médecins à Paris pour essayer de trouver un candidat, ou même en banlieue parisienne pour vanter les mérites de notre territoire. Puis nous avons finalement bénéficié de la médiation d’une médecin roumaine qui nous a aidés à faire venir une de ses confères. Et finalement une cardiologue s’est installée, à la recherche d’un nouveau cadre de vie.
La LDM : à vous lire, on a l’impression que les collectivités multiplient les initiatives pour attirer les médecins mais que finalement il faut tomber sur le médecin qui a choisi de venir s’installer. Vous êtes d’ailleurs très critique sur la liberté d’installation.
O.C : je mets surtout en avant le fait que les maires sont bien seuls face à ce problème et se retrouvent démunis face à une population qui ne comprend pas la difficulté à trouver un médecin. Entre contrainte et incitation pour diriger les médecins vers les lieux d'implantation les plus pertinents, je ne tranche pas. En revanche, je pointe la démission de l'Etat, une défaillance d’autant plus regrettable qu’installer des médecins en milieu rural, au-delà de la dimension sanitaire de l’action, est une politique qui s’avère aussi payante en matière d’attractivité et de revitalisation des territoires. C’est une politique gagnante à peu de frais.
La LDM : l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN) d’ici 2050 et la réduction de moitié de cette artificialisation dans les dix prochaines années ont beaucoup préoccupé les élus ces derniers mois. En avez-vous ressenti les effets ?
O.C : oui, à l’échelle du Scot, nous devons réduire notre artificialisation de 5 % dans les dix ans. L’objectif n’est pas contestable. Mais on peut regretter que, comme souvent, selon une démarche jacobine, la règle uniforme vienne d’en haut. Il aurait fallu une démarche plus différenciée.
La LDM : vous êtes élu de l’intercommunalité et vous parlez longuement de la loi Notre. Vous critiquez la volonté de créer des intercommunalités tentaculaires.
O.C : oui, notre communauté de communes a fusionné, en application de la loi Notre, avec une autre communauté de communes. La Vendée a su garder un grand nombre d’intercommunalités (une vingtaine) parce que le département a un équilibre de population, bien répartie sur le territoire. Ce n’est pas tant l’étendue de la communauté qui me semble critiquable que la difficulté pour chaque commune d’y trouver sa place (même si on peut penser que plus l’organisme est grand, moins il est facile de s’y faire entendre).
Selon moi, les communautés de communes et autres EPCI à fiscalité propre devraient rester des syndicats de moyens et d’investissement et ne pas dévitaliser les communes. Quand les administrés rencontrent une difficulté, ils ne frappent pas à la porte de la communauté de communes mais à celle de la mairie. L’administré connaît le maire. On devrait d’ailleurs insister, plutôt que de critiquer sans cesse l’éparpillement communal, sur le rôle essentiel que jouent les élus locaux pour la cohésion nationale, et ce à moindre coût. Nous sommes sans cesse sur le terrain, au contact des gens et du milieu associatif. Cette présence est difficilement remplaçable, d’autant plus que les services publics s’éloignent des citoyens.
La LDM : oui, naturellement, comme tous les chefs-lieux de canton, vous avez perdu votre perception. Une commune de Vendée de 2000 habitants rencontre les mêmes problèmes que toutes les communes. Pourtant, la Vendée est un département dynamique, comment expliquer ce dynamisme ?
O.C : la Vendée s’appuie sur un modèle original de développement « diffusant » et non « polarisant », ce qui est assez original en France. Ce qui signifie un aménagement du territoire très équilibré, sans métropole concentrant à l’excès et sans territoire dévitalisé. C’est une terre d’initiative individuelle, la densité des PME et PMI sur le territoire en atteste, et aussi de solidarité, le mouvement associatif étant divers et très actif.
Michel Degoffe le 26 septembre 2023 - n°2287 de La Lettre du Maire
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