Éditions Sorman

Unité de façade car les réactions au discours d’ouverture de Nicolas Sarkozy, comme tout au long du congrès, se sont réparties par famille politique. Les réformes du gouvernement sont soutenues à droite et conspuées à gauche. Que l’on se trouve à la veille d’élections sénatoriales et cantonales contribue aussi à politiser l’ambiance.
Il est apparu au cours de ce congrès que prendre position sur les réformes en fonction de l’appartenance politique permettait de ne pas avoir d’opinion sur la substance même de ces réformes. Il est vrai que leur cohérence n’est pas absolument convaincante.
Nicolas Sarkozy a tenté, avec un certain succès auprès de l’auditoire, de légitimer la plupart de ses initiatives. Ainsi a t-il rassemblé dans une seule catégorie - la rationalisation des dépenses publiques - les nouvelles cartes judiciaires, militaires et hospitalières, ainsi que les esquisses de regroupement des responsabilités intercommunales. Mais sur la suppression de la taxe professionnelle, nul n’a été convaincu et c’est en fait la seule grande question que se posèrent les maires présents : quelles ressources compenseront ou non la perte de taxe professionnelle ?
On se demandera aussi si ce congrès n’aura pas été le dernier à préserver l’unité de façade de l’Association des maires de France ? La progression électorale de la gauche au niveau local devrait se poursuivre l’an prochain. Le Sénat pourrait passer à gauche et l’AMF a toujours été comme une photographie du Sénat. Une association des maires à gauche maintiendrait-elle le consensus des intérêts locaux ? Dans le passé, quand l’AMF était à gauche, les élus de droite et modérés se regroupaient dans une association rivale, le Mouvement national des élus locaux. 2011 pourrait être l’année de la dislocation.

Guy SORMAN le 30 novembre 2010 - n°1697 de La Lettre du Maire