Éditions Sorman

C’est cependant ce que propose le gouvernement sous le nom de « nouvelle organisation territoriale ». Ce projet de réforme est inutile, ne répond pas aux demandes des Français ni de leurs élus locaux ; il est à peu près incompréhensible mais par bonheur, il n’aboutira jamais. Il faudrait en effet une réforme constitutionnelle pour supprimer les départements - ce qu’en vérité propose Manuel Valls - renvoyant la mise en œuvre de ce projet extravagant à 2020. Il est tout aussi extravagant, comme l’a noté Claudy Lebreton, président de l’Assemblée des départements de France, de faire voter les Français, en 2015, pour des départements et des régions, dont le Parlement évoquerait simultanément la disparition.
A décrypter le discours de Valls, les départements seraient remplacés par le « schéma lyonnais », où la Métropole absorberait l’ancien département (idem pour Paris et Marseille), la Fédération d’intercommunalités « là où elles seraient fortes » et les conseils départementaux ruraux ailleurs. On voit mal où passeraient les frontières : une commune rurale, dans la France d’aujourd’hui, est souvent la cité dortoir d’un travailleur urbain.La notion de conseils départementaux ruraux est donc archaïque. La Métropole département laisse tout aussi perplexe : quand on connaît les difficultés actuelles pour un conseil communautaire de gérer des services locaux, on se demande comment le conseil du Grand Paris ou du Grand Lyon, décidera de l’heure de passage des bennes à ordures dans une commune éloignée. 
La nouvelle organisation territoriale est un théâtre politique qui dissimule que, face aux vraies exigences des Français, la sérénité, l’emploi, la réduction des dépenses publiques, le gouvernement, de fait, a baissé les bras. La nouvelle organisation territoriale est une diversion : gérons nos communes telles qu’elles sont et resteront.

Guy SORMAN le 23 septembre 2014 - n°1872 de La Lettre du Maire