Améliorer la propreté en faisant « jouer » les usagers Abonnés
Des bénéfices pour la propreté
Le recours aux nudges s’est surtout développé pour que les usagers ne jettent plus leurs déchets n’importe où. Le Havre (Seine-Maritime, 170 120 habitants) a été pionnière avec une campagne lancée en 2019. La ville a d’abord identifié les lieux les plus sales avant d’y modifier le mobilier urbain. Devant certaines poubelles fixées au sol, elle a dessiné une marelle sur un fond bleu, bien visible dans l’environnement urbain. L’attrait pour le jeu conduisant les passants à sauter sur un pied, de case en case, avant d’atteindre la poubelle. Autre exemple avec des poubelles cerclées de sacs transparents. Elles ont été accrochées en hauteur et équipées d’un panneau de basket. Là encore, les usagers ont rivalisé d’adresse pour faire disparaître leurs détritus en marquant des paniers. La mairie confirme l’effet positif de cette campagne même s’il reste difficile de mesurer objectivement la propreté. En revanche, l’opération, qui se voulait temporaire, n’a pas perduré. La mairie invoque l’usure des marquages au sol et des questions de sécurité incompatibles avec une fixation définitive des poubelles en hauteur.
De son côté, Saint-Brieuc (Côtes d’Armor, 45 059 habitants) a pérennisé plusieurs nudges, certes moins audacieux que les panneaux de basket : « nous avons repeint certains cendriers sur pied qui étaient peu utilisés pour leur donner l’aspect d’une cigarette et les rendre plus visibles. Cette mesure a amélioré les taux de remplissage », confirme Olivier Le Personnic, directeur des services techniques.
Valoriser les changements de comportement
Saint-Brieuc a également obtenu un meilleur remplissage des poubelles publiques grâce un nudge fonctionnant jour et nuit : avec le concours de deux entreprises locales, elle a tracé au sol des cheminements sous la forme d’empreintes de pattes luminescentes. Elles incitent les usagers à les suivre jusqu’à la poubelle la plus proche sur laquelle s’affiche, également en lettres luminescentes, un « Merci ».
A Lyon, Sytral Mobilités, l’autorité organisatrice des transports, a joué sur la récompense symbolique pour inciter les usagers de la station Part-Dieu à ne pas utiliser uniquement l’escalator. Sur les contremarches d’un escalier, elle a écrit des messages d’encouragement : « Excellent départ », « Chaque pas vous élève, ne vous arrêtez pas », « Objectif en vue »… Le coût a été minime car le lettrage a été rajouté sur la peinture existante grâce à un pochoir (Green tag), temporaire mais résistant aux passages. Depuis que l’escalier affiche ces messages, le Sytral Mobilités a noté une amélioration de la fluidité de circulation dans la station.
Les nudges ont également une utilité pour lutter contre le fléau des mégots. Bazas (Gironde, 5 057 habitants) a ainsi installé des cendriers inspirés des nudges devant son lycée et sa médiathèque. Ils se composent de deux réservoirs transparents et d’un panneau qui invite l’usager à faire un choix en y déposant son mégot, un peu comme s’il déposait un bulletin dans une urne. A la sortie de la médiathèque, Bazas demande ainsi aux fumeurs : « Vous êtes plutôt Astérix ou Tintin ? » et de choisir en conséquence l’un ou l’autre cendrier. Depuis leur installation, au printemps dernier, la ville a constaté le succès de ces équipements : ils se remplissent sans donner plus de travail au personnel. « Les agents de la propreté passent devant, et comme le contenu en est visible, ils les vident quand c’est nécessaire », explique Laurent Belloc, responsable des services techniques.
Jean-Philippe ARROUET le 04 octobre 2022 - n°2242 de La Lettre du Maire
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