Trop de fonctionnaires locaux ? Abonnés
Lettre n° 1758 du 20 mars 2012
Nicolas Sarkozy en campagne rappelle sans cesse qu’en ne remplaçant qu’un fonctionnaire sur deux partant en retraite, les effectifs de l’Etat diminuent de 20 000 par an.
Les économies qui en résultent sont cependant, en partie, annulées par la croissance des heures supplémentaires. Le Président contraste cet effort de l’Etat avec l’augmentation des effectifs locaux : il s’en prend particulièrement aux régions, mais à tort. Les régions n’emploient que 80 000 personnes, issues pour la plupart de transferts des services de l’Etat. Il en va de même pour les départements, 300 000 agents environ, dont la croissance récente est également due aux transferts.C’est en vérité au niveau communal et intercommunal que les effectifs de la fonction publique continuent à croître, au rythme moyen de 22 000 par an : les communes recrutent autant que l’Etat réduit ! Aujourd’hui, 1,3 million de personnes travaillent pour les communes et leurs groupements.
Comment expliquer cette incessante progression des effectifs communaux ? Paradoxalement, par l’intercommunalité. Bien que les statistiques fournies par le ministère de l’Intérieur restent insuffisamment détaillées, il est clair que les communautés n’ont pas conduit à une mutualisation des moyens. Il est encore trop tôt pour que cette mutualisation produise des effets, en disent ses partisans ! Peut-être.
Une autre raison pour l’augmentation des effectifs tient au retrait de l’Etat avec, en simultané, de nouvelles attentes des habitants. Ainsi, on observe de fortes hausses des effectifs en milieu urbain dans les crèches ou la police municipale. Dans les communes rurales, c’est la création de «points relais services publics» qui accélère les recrutements. Il est certainement envisageable de mieux contenir les effectifs communaux mais la réflexion sur le sujet n’a pas été engagée.
Guy SORMAN le 20 mars 2012 - n°1758 de La Lettre du Maire
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