Les réseaux de chaleur pour faire face à la crise énergétique Abonnés
Des travaux coûteux mais rentables
Les projets se chiffrent en millions d’euros mais bénéficient d’un soutien financier de l’Ademe au titre du fonds chaleur (https://fondschaleur.ademe.fr/) qui peut couvrir jusqu’à 60 % de la dépense. Deux critères sont à connaître : d’abord il est nécessaire de démontrer que la densité de clients potentiels sera suffisante. Ensuite, il faut tenir compte d’un ajustement des niveaux de subvention du fonds chaleur à chaque cas. Certes, le but est de rendre le projet solvable mais pas de le transformer en « machine à cash », qui permettrait de tirer profit d’une énergie peu onéreuses grâce aux subventions.
A Aurillac (Cantal, 26 876 habitants), le réseau de chaleur a coûté 25,6 M€ dont 11,5 M€ apportés par le fonds chaleur (parmi lesquels 2,5 M€ d’avances remboursables). « Les recettes annuelles sont de 3,6 M€ mais nous avons tablé sur un déficit les deux premières années », explique Alex Dumas, directeur général de services techniques. Rien d’anormal car les abonnés s’y raccordent progressivement donc le ratio dépenses/recettes s’équilibre toujours progressivement. De ce point de vue, Aurillac fait figure de bon élève car la ville a choisi un périmètre (22 km de réseau pour 50 gWh) comprenant de multiples bâtiments publics et parapublics ainsi que des copropriétés et des logements sociaux.
Stabilité des prix
« Deux tiers des clients potentiels étaient des copropriétés auprès desquelles l’offre a été un succès commercial », selon le responsable. Le délégataire choisi par Aurillac pour 24 ans est Engie (à travers l’entité dédiée, Aurillac chaleur bois), or l’entreprise a d’emblée tenu un discours transparent sur les avantages du raccordement : pas d’économies à espérer immédiatement sur la facture d’énergie mais une stabilité structurelle des prix. Entre 2017 et 2018, le gaz avait augmenté de 15 % et le bois de 8,5 %. Cet écart s’est évidemment creusé depuis, à l’avantage des abonnés. Par ailleurs, un réseau de chaleur voit sa rentabilité progresser, à nombre d’abonnés constant, comme l’explique Alex Dumas : « grâce aux travaux d’économie d’énergie que réalisent les propriétaires dans leurs logements, nous estimons à 1 % par an le gain de consommation pour le réseau de chaleur ». Dernier avantage économique et écologique, la chaufferie maîtrise ses approvisionnements : le cahier des charges prévoit en effet de se fournir en bois dans un rayon de 100 km.
Victime de son succès
L’explosion des tarifs de l’énergie se traduit partout par un afflux des demandes de raccordement au réseau de chaleur, rendant moins pertinent le recours à la procédure dite de « classement », qui permet aux autorités locales d’imposer le raccordement de toute nouvelle construction dans un périmètre défini. Comme beaucoup de villes, Aurillac n’a pas jugé utile d’y recourir, mais cette possibilité doit s’examiner dans la perspective de futurs développements d’un réseau de chaleur. La question de la rentabilité est en effet de nouveau posée, car les investissements sont lourds (bien que limités tant que la chaufferie permet l’alimentation globale). Sinon, il conviendra de creuser des tranchées transversales pour étoffer le réseau initial. Aurillac a été astucieuse en finançant, dès le départ, une section de son réseau desservant des immeubles qui ne souhaitaient pourtant pas s’y raccorder. Pari gagnant car tous les copropriétaires concernés n’ont pas tardé à manifester leur souhait d’être chauffés de cette manière par le réseau public.
Jean-Philippe ARROUET le 15 novembre 2022 - n°2248 de La Lettre du Maire
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