Éditions Sorman

Sur les emballages, les brochures commerciales et même les documents administratifs, ces petits carrés noirs et blancs formant une mosaïque de points sont partout. Leur appellation « QR code » (code à réponse rapide) désigne une technologie de codage optique en deux dimensions dont la lecture, le plus souvent avec un smartphone, ouvre un lien vers une page internet (URL), consultable sur n’importe quel navigateur web.
Chacune de ces mosaïques de points est unique, ce qui sécurise leur utilisation et implique d’en créer une pour chaque besoin. Ce n’est pourtant pas un obstacle car générer des QR codes ne nécessite aucune compétence pointue en informatique et le coût reste minime, du moins quand le QR code se contente de renvoyer à un contenu statique comme une page web sans contenu interactif ni traitement de données à caractère personnel.
Dans ce cas, il est possible d’employer des générateurs de QR codes, très nombreux sur les plateformes de téléchargement et souvent gratuits.

Des applications gratuites mais pas interactives
Depuis deux ans, les rues de Fumay (Ardennes, 3 328 habitants) sont empruntées par des touristes qui photographient, avec leurs smartphones, des QR codes apposés sur une dizaine de sites représentatifs du patrimoine et de l’histoire de cette cité de l’ardoise. Le webmaster de la mairie a utilisé une application gratuite pour générer des QR codes qui renvoient à des pages internet du site municipal. « Nous avons utilisé un système gratuit et nous avons fait appel à notre archiviste pour créer les contenus et à des bénévoles qui les ont traduit en anglais et en néerlandais », explique Dominique Bernier, maire-adjoint en charge du cadre de vie.
L’enjeu du projet n’était pas informatique mais plutôt organisationnel : l’application qui génère les QR codes ouvre des pages web statiques donc impossible de renvoyer vers une application de navigation qui guiderait les visiteurs d’un lieu à l’autre. « Nous avons créé une carte ainsi que trois circuits, court, moyen et long », précise l’élu. Difficile d’estimer le nombre de visiteurs gagné grâce à ces parcours qui s’inscrivent dans une politique comprenant notamment l’ouverture d’une aire pour les camping-cars et la rénovation d’un camping.
D’après la mairie, la fréquentation augmente chaque année, notamment grâce à la « voie verte » qui a attiré 2 500 cyclistes en 2023.

De la souplesse dans la gestion des contenus
Vabre (Tarn, 757 habitants) propose également depuis deux ans un parcours touristique conçu grâce à des QR codes. Sans aucun investissement, cette petite commune a pu concevoir et installer dans ses rues ce parcours qui fait découvrir son histoire marquée par le protestantisme, son petit train et son maquis de la Seconde guerre mondiale. A l’origine du projet, un conseiller municipal, Romain Decourd, qui a travaillé avec les moyens de la mairie. Il a d’abord choisi une application gratuite (www.qr-code-generator.com) : « attention cependant aux arnaques, avec des QR codes gratuits pendant quinze jours, puis qui deviennent payants ». Le projet s’est fait en deux étapes. D’une part, créer pour chaque point du parcours une page dédiée sur le site de la commune. Vabre a fait appel à un historien local bénévole. D’autre part, la commune a créé des panneaux installés sur chaque site, réalisés par une entreprise locale (coût de 240 €), en Dibond, un matériau composite léger, résistant aux UV et à l’humidité. « Nous y avons fait figurer une petite explication, une carte et le QR code dans un format suffisamment contrasté pour être lisible d’assez loin », précise Romain Decourd. Les contenus pourront évoluer sans frais, comme l’explique le conseiller municipal : il suffit en effet de changer les liens internet associés à chaque QR code pour modifier l’ordre des pages ou en créer de nouvelles, toujours gratuitement.

Jean-Philippe ARROUET le 02 avril 2024 - n°2312 de La Lettre du Maire