L’agrivoltaïsme, une solution rentable pour l’agriculteur comme pour la commune Abonnés
Nous avons interrogé à ce sujet Stéphane Maureau, directeur général d’UNITe, une société qui connaît bien les énergies renouvelables puisqu’elle s’est d’abord déployée dans l’hydroélectricité, puis dans l’éolien et, désormais, dans l’agrivoltaïsme.
Entretien.
La Lettre du Maire : la loi tendant à accélérer le développement des énergies renouvelables vient d’être publiée. Elle comporte des dispositions sur l’agrivoltaïsme qui semblent témoigner d’une méfiance à l’égard de cette énergie renouvelable. La loi a multiplié les garde-fous pour s’assurer que la pose de panneaux photovoltaïques sur les terres agricoles ne se fera pas au détriment de l’activité agricole elle-même. Le préfet devra adopter un document cadre qui délimitera les zones pouvant accueillir des installations. Le projet nécessitera un avis conforme de la Commission départementale des espaces naturels, agricoles et forestiers (commission qui réunit, sous la présidence du préfet, des représentants des professions agricoles, des élus locaux, des associations). Ressentez-vous cette méfiance ?
Stéphane Maureau : oui, bien entendu, une méfiance infondée selon moi, car l’agrivoltaïsme permet de protéger l’activité agricole. Notre premier projet d’ombrières dans les Landes, implanté il y a onze ans au-dessus d’une installation de pisciculture, n’a pas nui à cette activité, bien au contraire.
La LDM : tous les types d’activité agricole sont-ils possibles ?
S.M : oui, cela dépend du cahier des charges négocié avec l’exploitant agricole. Si ce dernier indique qu’il est souhaitable, pour un élevage de moutons, que les panneaux soient installés à 1,50 m (alors que les moutons ne font pas cette taille), nous lui faisons confiance. L’élevage de bovins est également possible, même s’il faudra installer des panneaux plus résistants car les bovins peuvent venir s’y frotter.
La LDM : l’agriculteur y trouve-t-il son compte ?
S.M : oui, la société qui installe les panneaux verse un loyer au propriétaire et une indemnité au locataire exploitant. Cela assure un complément opportun dans une période difficile pour les agriculteurs. La somme totale peut aller de 1 000 à 3 000 euros par mois en fonction de la puissance installée et du coût de raccordement au réseau (plus il est éloigné, plus les coûts sont élevés).
La LDM : le projet nécessite un permis de construire. Les maires ont regretté d’être dépossédés en matière d’implantation d’éoliennes, la décision revenant au préfet. Qu’en est-il pour les installations agrivoltaïques ?
S.M : c’est la même chose. Dès lors que le projet fait plus de 2 500 m2, le préfet est compétent. Rappelons que selon l’article L. 422-2 du code de l’urbanisme, le préfet est compétent pour délivrer les autorisations d’ouvrages de production, de transport, de distribution et de stockage d'énergie.
La LDM : voyez-vous des retombées pour la commune ?
S.M : oui, l’exploitant d’un parc agrivoltaïque acquitte l’IFER (imposition forfaitaire des entreprises de réseaux). Pour donner une idée, une installation de 20 à 30 hectares, soit 20 à 30 mégawatts, rapportera 60 000 euros par an à répartir entre le département, la communauté de communes et la commune d’implantation, qui percevra environ 20 %.
La LDM : s’il y a des nuisances, le maire est en première ligne. Pouvez-vous le rassurer ?
S.M : un parc agrivoltaïque ne génère pas de nuisances : pas de bruit puisqu’il n’y a pas d’éléments de l’installation en mouvement. Pas de nuisances olfactive ou visuelle : le parc peut être entouré de haies (solution intéressante puisque l’on cherche à les restaurer), et celui qui passe à proximité du parc n’en devinera même pas l’existence. Enfin, au terme des 35 années d’exploitation, l’exploitant se charge du démantèlement.
Michel Degoffe le 21 mars 2023 - n°2264 de La Lettre du Maire
- Conserver mes publications au format pdf help_outline
- Recevoir par mail deux articles avant le bouclage de la publication.help_outline
- Créer mes archives et gérer mon fonds documentairehelp_outline
- Bénéficier du service de renseignements juridiqueshelp_outline
- Bénéficier du service InegralTexthelp_outline
- Gérer mon compte abonnéhelp_outline