La lecture attentive des programmes des candidats à l’élection présidentielle - me cantonnant à Sarkozy, Hollande et Bayrou - n’apporte aux élus locaux que des mauvaises nouvelles.
Les candidats sont d’accord pour ramener à un montant variant entre 0 et 3 % le déficit public en cinq ans : ce chiffre correspond à nos engagements européens mais il est avant tout la condition d’une renaissance de l’investissement privé, de la croissance durable et de l’emploi productif. Une pareille convergence dans l’analyse à droite, à gauche et au centre, est sans précédent et rassurante pour notre pays. Par delà cet objectif commun, les moyens proposés restent flous ou insatisfaisants : il est surtout proposé d’augmenter les impôts (TVA chez Sarkozy, taxation des hauts revenus chez Hollande et Bayrou et sur les classes moyennes chez tous via la CSG), mais aucune réduction sensible des dépenses n’est envisagée. Pour cela, les candidats devraient sacrifier quelques vaches sacrées comme la Défense nationale ou la partie du budget de l’Education non consacrée à l’enseignement. Surtout, dans tous les programmes, le non-dit consiste à transférer la baisse des dépenses publiques aux collectivités locales. Tous esquissent une réduction des dotations ou une «modulation». Ce qui conduira les maires à augmenter les impôts locaux ou à réduire les investissements : l’industrie du bâtiment et des travaux publics n’y survivra pas. La conséquence visible de ce transfert de l’austérité de l’Etat vers les collectivités sera une dégradation progressive du cadre de vie et des services publics locaux : les habitants en feront grief au maire, pas au chef de l’Etat.
Au total, on aimerait des candidats plus de courage politique : une réduction véritable des dépenses de l’Etat est possible et elle pourrait être relayée au niveau local dans une solidarité effective. Ce n’est pas pour l’instant ce qui est proposé.
Guy SORMAN le 07 février 2012 - n°1752 de La Lettre du Maire