Contrôler l’accès aux déchetteries pour en réduire le coût Abonnés
En revanche, cette augmentation pèse sur le budget des collectivités car il faut diversifier les types de tri, dont seulement une partie des coûts est prise en charge par les éco-organismes agréés dans le cadre des filières de responsabilité élargie des producteurs (REP).
Sans compter l’augmentation de la fiscalité que l’État applique sur le stockage des déchets au titre de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). Son barème pour l’année 2024, qui vient d’être publié, atteint 63 €/tonne (contre 41 € en 2019), or l’État a déjà annoncé son intention de porter ce montant à 65 € en 2025.
Modifier les comportements des usagers et des agents
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, Durance Luberon Verdon Agglomération - DLVA (63 316 habitants, 25 communes) possède une dizaine de déchetteries. En 2022, elles ont reçu 27 211 tonnes de déchets pour un coût de près de 3,5 M€. « Malgré une baisse de 0,91 % des tonnages, on constate une augmentation de 9,73 % des coûts », souligne le rapport annuel 2022 sur le prix et la qualité du service public de gestion des déchets.
Une charge qui pèse sur les habitants assujettis à la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM), mais pas sur ceux des territoires voisins habitués à fréquenter les déchetteries de DLVA dont l’accès était gratuit et peu contrôlé jusqu’à cette année. En 2024, l’intercommunalité a instauré un contrôle d’accès avec un QR code lisible depuis un smartphone (ou imprimable). « C’est une économie de matière et d’argent puisqu’il n’y a pas de terminal de lecture de carte, ni de cartes perdues », se félicite Muriel Croze, cheffe du service de gestion des déchets de DLVA. L’autre avantage est que les agents ont été équipés de smartphones pour contrôler manuellement les QR codes des usagers. « Cela oblige l’agent d’accueil à aller vers l’administré, ce qu’il ne faisait peut-être pas auparavant », reconnaît la responsable.
Ce contact humain assure un contrôle plus strict des entrées et un meilleur respect des consignes de tri. Le nouveau dispositif vise également à mieux encadrer les dépôts des professionnels qui n’ont droit désormais qu’à deux passages quotidiens, facturés 60 € chacun. Le résultat de ces nouvelles modalités de contrôle est spectaculaire : jusqu’à 48 % de dépôts en moins dans certaines déchetteries limitrophes des territoires voisins.
Un chiffre que DLVA explique par la suppression d’un effet d’aubaine : les habitants et les professionnels venus d’ailleurs ne peuvent plus déposer leurs déchets aussi facilement dans ces déchetteries.
Un effort d’investissement et de suivi
Pour déployer un tel dispositif, pas question d’utiliser un générateur de QR codes grand public. DLVA a dû faire appel à un prestataire informatique spécialisé (Symétri) pour développer une solution sur-mesure (14 000 €) : inscription en ligne, espace personnel pour les usagers, hébergement de la solution, possibilité de demander des mises à jour (par exemple, 3 600 € pour autoriser un deuxième passage quotidien des entreprises).
L’autre investissement concerne les smartphones pour les agents qui contrôlent les accès : un appareil à 300 € par déchetterie, plus un onzième de secours, qui est conservé au siège de DLVA. Quant au fonctionnement, l’agglomération règle 11 616 € par an à Symetri pour le service, l’hébergement, l’assistance téléphonique, des supports d’aide ainsi qu’un logiciel de sécurisation des smartphones. Mais les efforts nécessaires à l’adoption de ce contrôle d’accès ne sont pas uniquement financiers. « Les premiers mois, nous avons passé des journées entières à expliquer le dispositif au téléphone et nous avons fait un tuto », souligne Muriel Croze. Tous les usagers n’ont d’ailleurs pas choisi d’avoir leur QR code sur un smartphone : « 25 % ont fait la demande d’un QR code imprimé en mairie », note la responsable.
Enfin, les contrôles d’accès font l’objet d’un suivi manuel par le service gestionnaire. « Toutes les semaines, nous faisons un récapitulatif pour que les gens sachent que nous ne laisserons rien passer », ajoute Muriel Croze. Les contrevenants reçoivent un courrier avec le règlement des déchetteries de DLVA, qui prévoit que l’entrée pourra leur être refusée.
Jean-Philippe ARROUET le 09 avril 2024 - n°2313 de La Lettre du Maire
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