Le gouvernement tente d’esquiver la promesse faite par François Hollande de supprimer le cumul des mandats.
Grand écart puisque la plupart des parlementaires socialistes détiennent un à deux mandats locaux et que la majorité au Sénat, tous partis confondus, refusera de supprimer le cumul. Mais comment le président Hollande pourrait-il, sur une mesure aussi symbolique et désirée par 2/3 de Français, se dédire ? On rappellera que de toutes les démocraties, seule la France détient ce curieux privilège des cumuls, phénomène d’ailleurs récent puisqu’il s’est beaucoup accentué dans les années 1970-1980. A mesure que l’influence du Parlement diminuait, les élus ont préféré les mandats locaux, l’Assemblée nationale ou le Sénat ne devenant qu’un honneur plutôt qu’une charge, destinée à renforcer l’assise locale. Par suite, la plupart des cumulards exercent bien leur fonction locale et bien peu leur fonction nationale, laissant ce soin aux dirigeants de leurs partis et à un gouvernement sans contrôle. Quant aux arguments ressassés par les intéressés en faveur du cumul - meilleur enracinement local des élus nationaux, etc… - on les connaît par cœur et ils n’ont aucune valeur : en Allemagne ou en Grande-Bretagne, les élus locaux n’exercent pas mal leur fonction et les parlementaires connaissent très bien leur circonscription.
Pour en sortir, le référendum est la solution d’évidence : les Français choisiront. S’ils suppriment le cumul - ce qui est envisageable -, il conviendra que cette interdiction s’applique à partir des prochaines élections locales, en 2014 et que les indemnités des maires soient revalorisées. En plus d’un président « normal », nous bénéficierions ainsi d’une démocratie « normale » et d’un Parlement « normal », ce qu’actuellement ils ne sont pas.
Guy SORMAN le 18 septembre 2012 - n°1779 de La Lettre du Maire