La publication de l’ouvrage Paris et le désert français, en 1947, fut à l’origine d’une prise de conscience nationale et le point de départ de la politique dite de l’aménagement du territoire.
Hélas sans résultat ! Autoroutes et trains à grande vitesse convergeant vers Paris, au lieu de rendre les régions plus accessibles, ont aspiré la population vers la capitale. Aucune administration importante ne s’est jamais décentralisée, les universités régionales restent modestes, les sièges d’entreprises s’entassent à Paris. Les derniers chiffres tout juste publiés par l’Institut national de la statistique confirment la défaite : l’Ile-de-France est la région dont la population augmente le plus rapidement depuis dix ans, au rythme de 0,7% par an, soit 710 000 habitants de plus. Ainsi 18% des Français habitent-ils dans 4% de nos communes. Plus on s’approche du centre, plus la croissance devient forte. Paris intra muros, dont la population avait baissé dans les années 1980, a repris sa croissance : + 0,4% par an depuis 1999. Mais c’est la petite couronne qui s’envole au rythme de 0,9% par an contre + 0,2% par an entre 1982 et 1999. En revanche, la grande couronne progresse peu, à l’exception de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. Cet exemple unique de réussite d’une ville nouvelle qui n’est pas seulement un dortoir démontre qu’il aurait été possible de mieux répartir la population sur le territoire francilien. Trop tard ? Et derrière les chiffres globaux, on s’interrogera sur l’origine de ces populations en croissance. Les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis sont les départements français qui progressent le plus : on supposera que le premier attire plutôt les cadres et le second plutôt les immigrés récents. De même, dans Paris, les arrondissements du Nord et de l’Est, où les logements sont en médiocre état, croissent le plus vite.
L’Insee révèle ainsi à quel point les pouvoirs publics maîtrisent peu ou pas du tout les flux de population internes et externes.
Guy SORMAN le 11 janvier 2011 - n°1702 de La Lettre du Maire