Réduire les déchets grâce au réemploi Abonnés
Un appel d’offres aux retombées locales
« Nous avons, avec Trocantons, un marché dans le cadre d’un appel d’offres européen réservé à l’insertion », explique François-Marie Proust, directeur général des services de la Communauté de communes du Pays d’Ancenis (COMPA). Ce marché, valable du 01/07/2018 au 31/12/2024, prévoit la collecte des objets réemployables, le tri et le traitement, ainsi qu’une sensibilisation à l’environnement. L’objectif est triple, souligne Arnaud Bourdeau, directeur de Trocantons : " réduire les déchets par le réemploi, contribuer à l’insertion sur le territoire et équilibrer ce territoire dont le nord est plus rural et enclavé ". Des missions facturées 210 000 €. Cette dépense publique a cependant des répercussions positives sur le territoire : en 2023, 1 450 000 € de biens d’équipements ont été vendus par Trocantons. Principalement à des particuliers mais également à quelques communes rurales qui s’approvisionnent à bas prix en livres, jouets et petites fournitures. L’entreprise d’insertion emploie par ailleurs 63 personnes localement, et ses achats auprès d’entreprises du territoire représentent 320 000 €.
Une activité à l’équilibre
Les comptes de Trocatons montrent un doublement du chiffre d’affaires entre 2015 et 2023 et surtout la possibilité qu’une telle activité parvienne à l’équilibre. En effet, le marché public avec la COMPA (210 000 € pour l’exploitation et 10 000 € de provision pour le gros œuvre et la réparation) ne représente que 10 % de son budget. Les ventes y contribuent principalement (67 %) ainsi qu’une subvention en tant qu’entreprise d’insertion (13 %). Un autre point clé est la gestion du flux de déchets par l’opérateur lui-même. L’écocyclerie est alimentée à 77 % par des apports volontaires dans ses quatre boutiques, ainsi que par des collectes à domicile et en déchetteries. Une fois ces objets récupérés, le tri ne permet cependant pas de les réemployer tous et Trocantons doit s’occuper de leur élimination (soit 55 % de déchets). « Nous avons notre mini-déchetterie avec des bennes pour le mobilier, les DEEE, la ferraille… », explique Arnaud Bourdeau. « Et nous contractualisons directement avec les organismes des filières REP (responsabilité élargie du producteur) ou avec des entreprises locales ». Autrement dit, l’opérateur gère ses déchets finaux, sans que cela coûte à la collectivité, et il en retire même une rémunération.
Attractivité et professionnalisation
Dernier élément du succès de cette initiative, et pas des moindres : la mise à disposition d’un site après travaux par la COMPA. François-Marie Proust défend l’investissement dans cet ensemble, soit un bâtiment de 2 500 m² qui sera bientôt complété par un autre de 3 000 m² : « il faut de l’espace pour le réemploi et que ça ressemble à un magasin ». De l’espace pour stocker et installer des lignes de production. Un espace de vente attractif pour ne pas donner aux clients l’impression d’un bricolage d’amateur mais bien d’une vente de produits de qualité. Rien ne garantit pourtant que la réussite du projet continue lorsque le contrat sera remis en concurrence. C’est pourquoi, le cahier a prévu une clause de reprise du personnel. Le développement de l’Ecocyclerie augmente par ailleurs son nombre de salariés permanents au détriment des emplois d’insertion. D’où l’importance qu’un tel projet conserve une échelle relativement modeste et locale pour ne pas perdre son point d’équilibre.
* Loi n° 2020-105 du 10/02/2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire.
** Article L. 541-1-1 du code de l’environnement.
Jean-Philippe ARROUET le 13 février 2024 - n°2305 de La Lettre du Maire
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