Les avantages du financement participatif Abonnés
Un outil au service de la démocratie locale
Le maire de Séreilhac avait un vestiaire à financer pour le club de foot féminin. Un projet certes important mais pas en tête des priorités pour cette commune aux capacités d’investissement limitées. « On priorise les choses, ce qui peut en frustrer certains », précise Loïc Cottin, le maire. Le financement participatif a permis d’engager le projet sans se voir reprocher de consommer des ressources communales, plus utiles ailleurs, puisque les fonds proviennent des habitants. « Le recours au financement participatif nous a permis de dire aux opposants que les gens étaient partants et de permettre aux licenciées et à leurs familles de participer à l’investissement », se félicite l’élu. Une situation plus proche du registre politique que de l’ingénierie financière. L’apport des habitants n’est d’ailleurs qu’un complément à d’autres, plus importants. Les travaux de Séreilhac coûtent 540 000 € HT, or le financement participatif a abondé le plan de financement à hauteur de 28 000 € environ.
Un soutien aux grands projets du mandat
A Brest métropole, les ordres de grandeur sont bien supérieurs et elle vient de décrocher le record du plus gros emprunt citoyen participatif : 944 000 € abonderont le plan de financement de la deuxième ligne de tramway (225 M€ d’investissement au total dont 200 M€ d’emprunt bancaire). « C’était un projet-phare de la transition écologique donc nous avons proposé à la population d’investir », explique Yann Guével, vice-président en charge des finances de Brest métropole. Il se souvient des travaux de la première ligne de tramway qui avaient, comme en tout lieu et en pareil cas, suscité le mécontentement des habitants et des commerçants, des mois durant. « Le financement participatif permet une communication positive à destination des souscripteurs ». Autrement dit, il paraît peu probable que des habitants ayant investi leurs économies personnelles dans le projet du tramway en deviennent des opposants. « Ils vont se sentir partie prenante et en parler autour d’eux », se réjouit au contraire Yann Guével.
Un taux d’intérêt à définir au plus juste
Reste à trancher des questions techniques comme la détermination du montant des participations citoyennes ainsi que leur rémunération (puisqu’il s’agit d’un prêt qui doit rapporter aux habitants). A Séreilhac, le maire a limité la contribution de chacun à 2 000 € « pour que ce ne soit pas un pur produit financier », insiste Olivier Cottin. Par ailleurs, Arthur Moraglia attire l’attention des élus sur un point déterminant : « les gens se mobilisent si le taux est juste ». En clair, le rendement pour les habitants doit être supérieur au taux du livret A du moment, mais pas trop élevé non plus pour ne pas attirer des spéculateurs, ni coûter trop cher à la commune qui paie les intérêts. Pour sa part, Brest métropole a retenu un taux de 4 %. « Pour la collectivité, c’est plus cher car le taux du livret A est élevé, mais cela nous permet d’assurer aux habitants un rendement d’environ 3 % nets compte tenu de la fiscalité », analyse Yann Guével. D’un point de vue strictement financier, la commune ne fait donc pas une bonne affaire avec ce financement participatif. Elle n’en fait pas non plus une mauvaise car « on emprunte aux banques à un taux fixe de 3,94 % sur 40 ans », complète le vice-président. Avec cependant un argument décisif en faveur du financement participatif : « on offre un support d’épargne à la population, lui donnant le sentiment qu’elle épargne pour sa ville ».
Jean-Philippe ARROUET le 27 février 2024 - n°2307 de La Lettre du Maire
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